Giuliana, avait des canards. Elle les avait achetés tous jeunes et elle avait oublié qu’il fallait leur couper les plumes. À l’automne, lorsque leurs congénères sauvages migrant vers l’Afrique sont passés dans le ciel, les colverts domestiques les ont suivis. On lui a fait remarquer que, sans entraînement, les canards ne peuvent parcourir que quelques kilomètres. Épuisés, ils atterrissent quelque part, incapables à la fois de rentrer à la maison et d’assurer leur survie dans un univers hostile et sans mangeoires.
J’y ai pensé par rapport à la coutume bouddhiste d’inaugurer la nouvelle année par un acte miséricordieux : des oiseaux en cage sont vendus pour être libérés et porter chance à leur bienfaiteur. Le geste est noble, le résultat incertain. Tout dépend de l’état de sauvagerie de l’oiseau emprisonné.
Si j’étais un canard domestique, en tout cas, je tenterais le coup.*
* J’ai entendu l’anthropologue Frédéric Keck parler de cette coutume dans un cadre sérieux. J’en profite ici pour divaguer.
Enfermer les oiseaux pour pouvoir avoir le beau geste de les libérer ensuite, c'est un peu tordu comme bonne action. Attention au karma. De quoi développer un syndrome de Stockholm à la bête avant même qu'elle ne tente de s'enfuir. Un bec de plus à nourrir, ce n'est pas sûr que c'était cette chance qu'ils espéraient !
RépondreSupprimerBloavezh mat Sergio ! Bonne année !
Carole
C’est la leçon du relativisme radical : ce qui est tordu chez nous peut être parfaitement rectiligne chez les autres (tout dépend du cadre ontologique). Mon fils a amené son chat à la campagne. Ils lui ont ouvert la porte pour qu’il fasse un tour mais il a refusé de sortir. Le syndrome de Stockholm, je crois. Bonne année à vous, Carole.
RépondreSupprimerDans les années 50, mon grand-pere avait aussi des canards. Ils planaient très bien jusque la rivière malgré leurs ailes coupées. Mais ils n'arrivaient pas à franchir le mur de soutainement pour revenir... Leur liberté était fatigante, paraitrait-il!?... Hervé A.(nonyme)
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