Arte Sella Theatre “The Cube” di Rainer Gross, 2015. Installation artistique permettant d’apprécier une performance esthétique (pièce de théâtre, concert etc.) dans un cadre très chargé de sollicitations sensorielles.
(Suite) Comme les communautés bariolées qui se réunissent à l’automne sous la houlette d’un spécialiste pour être initiées aux mystères du brâme, moi aussi je fantasme*. Je me permets donc d’imaginer que, derrière les motivations officielles (« J’aime la nature et je tiens à la connaître dans tous ses replis … ») l’esprit de l’éco-touriste soit traversé par des « parasites » qu’il n’a aucune envie de nous faire partager*. Derrière les explications officielles et les fantaisies individuelles, sur le plan fonctionnel, il y a l’attrait du cadre : le plaisir de se retrouver tous ensemble dans un décor majestueux, prêts à l'avènement d'une manifestation sonore qui aura l’effet d’une épiphanie. Il n’y a pas d’encens, remplacé par des arômes tout aussi prégnants, mais tous les éléments contribuant au sentiment du sacré sont réunis. L’architecture des cathédrales gothiques ne tire-t-elle pas son inspiration de la végétation arborée?
On appelle synesthésie l’association de plusieurs sollicitations sensorielles (visuelles, olfactives, sonores, tactiles), qui convergent dans une même expérience. Le beau de ces expériences est qu’en jouant sur les instincts, donc sur des réactions éthologiques, elles permettent de donner du sens à des choses qui, prises singulièrement, n’ont pour nous qu’un charme relatif. On procède par addition. La marche en montagne m’intéresse moyennement ? Les quatuors de Schubert me fatiguent ? Il suffit que ces mêmes quatuors soient joués à l’aube, et à 2000 mètres d’altitude, pour me réconcilier à la fois avec la musique de chambre et avec l’alpinisme*.
La surabondance des sensations aide à compenser la carence de sens.
Même dans le cas du brame il est question de sens, mais au pluriel : cet appel libidineux venant du fond des bois nous parle des sens ( les nôtres et ceux de la bête) et de leur force impérieuse.
(À suivre).
* Et pour rendre compatible la musique de chambre, qui comme son nom l’indique serait à jouer dans un espace restreint, avec l’immensité des pâturages alpins.
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