dimanche 26 octobre 2025

Moi et la grive. Histoire sordide mais vraie

 



Il y a quelques jours, sur les marches du jardin, il y avait une grive morte. Elle était dodue et encore tiède. Sur le corps, aucune trace de violence. Empoisonnée ? Très improbable. Assassinée par un chat ? Il y aurait eu des plumes partout. Un avertissement de la mafia qui désormais fait la pluie et le  beau temps partout, même en Vénétie ? (Cette fois c’est une grive, la prochaine ce sera une tête de cheval …)

Je me suis demandé s’il fallait l’enterrer. Après j’ai décidé que, puisqu’on ne se connaissait pas …  enfin, pour tout avouer, je l’ai balancée dans la broussaille,  de l’autre côté de la route, où les visiteurs de la nuit ont sans doute procédé à sa dissolution.

En rentrant à la maison, j’ai remarqué une plume minuscule qui vibrait au beau milieu de la fenêtre. Alors j’ai tout compris. La journée était radieuse et la fenêtre réfléchissait le ciel, un ciel automnal d’une pureté extrême. La grive s’est trompée et au lieu de s'élancer vers le ciel, s’est projetée contre la vitre.

Et c’est là que l’histoire devient sordide.   

Pendant un moment, comme dans une interférence radio, mon cerveau reptilien a pris les commandes : « Tu es vraiment bête. Mais tu n’as pas compris que c’était un don ? C’était pour toi, cette belle grive dodue. Tu n’avais qu’à la plumer, la préparer avec quelques lardons et deux ou trois baies de genévrier. Quel manque de reconnaissance ! Quel gaspillage ! ».

Si j’étais une grive, aimerais-je mieux finir mon dernier vol dans l’estomac d’un humain ou dans celui d’un non-humain ?

 

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