Paysage nordique
avec chien
Comme l'a
clairement montré l'anthropologue Mary Douglas, les raisons qui poussent à
valoriser ou stigmatiser une espèce animale sont essentiellement d'ordre symbolique
: si le Lévitique interdit de consommer la langouste ce n'est pas pour des
raisons matérielles, hygiéniques ou pratiques, c'est qu'elle met du désordre
dans le système classificatoire. Il n'empêche que des comportements typiques de
certains animaux peuvent
contribuer, dans des sociétés parfois très éloignées les unes des autres, à leur mauvaise réputation. C'est le cas
de la coprophagie chez le chien. Les exemples sont nombreux. Je me limiterai à évoquer deux témoignages sortis d'un ouvrage que j'ai déjà cité:
Chez les Dörvöd (bergers mongols) "les chiens sont perçus comme des
animaux pollués. (...) Leur simple présence dans l'enclos pollue le bétail et
cause des maladies. Étant nourris avec les restes du repas, des
glandes immangeables et des os, ils sont considérés comme des animaux sales.
Lorsque les gens quittent la yourte pour déféquer, les chiens les suivent pour
manger les excréments". (Bernard Charlier, "Du chasseur au loup, de
l'éleveur au chien. Garder l'animalité à la bonne distance en Mongo lie de
l'Ouest", in Michèle Cros, Julien Bondaz et Frédéric Laugrand, Bêtes à pensées, Paris Editions des
archives contemporaines, 2015, p. 39).
"Malgré la place qu'il occupe dans
la société et l'unité symbolique et économique qu'il forme avec son propriétaire,
le chien n'est pas considéré, chez les Inuit, comme un animal sacré. Les
traitements qu'on lui fait subir ne correspondent pas non plus aux standards
que les Occidentaux associent aux animaux de compagnie. (...) L'été il n'était
pas nourri et devait trouver lui-même sa pitance. Il se nourrissait alors de
fruits de mer, de petits animaux, de déchets, d'équipement en peau (harnais,
fouet, vêtements etc.), d'excréments humains et canins ou même de cadavres
canins et humains". (Francis Lévesque, "Là où le bât blesse. Soixante ans de gestion des chiens
au Nunavik (ibid. p. 70).
Ne peut-on parler du porc en des termes quasi identiques ? Et n'y-a-t-il pas plus de sociétés qui consomment du porc que du chien ? Proximité avec l'humain ?
RépondreSupprimerLe chien, c'est vrai, n'a pas le monopole de la coprophagie.
RépondreSupprimerRevu hier le film White God, du Hongrois Kornel Mundruczo, sorti en 2014.
RépondreSupprimerLe chien en Spartacus, le chien comme éclairage de l'humain et des dérives de celui-ci... L'animal comme prétexte... évidemment !