Je lis dans Libération un entretien avec
Claude d’Anthenaise qui commente l’œuvre de Théo Mercier, un jeune
créateur très inspiré par les cabinets de curiosités et la notion de « domestication ». D'Anthenaise décrit le potentiel scénographique du
Musée de la Chasse et de la Nature, dont il est le directeur, devenu au fil du temps un important
centre d’art contemporain : « Mais les armes plaisent aussi beaucoup
aux artistes, remarque-t-il avec un brin d’ironie. Il y a un potentiel émotionnel énorme dans une collection
d’armes : lorsqu’on expose par exemple une œuvre fragile à ses côtés, ça la
tonifie ».
Ces propos me reviennent à
l’esprit en croisant un monument aux
morts dans les environs du boulevard
Raspail. Les armes plaisent en général, effectivement, ou du moins elles
fascinent. Neutralisées, désamorcées, elles perdent leur pouvoir mortifère mais
gardent intact leur « mana ». Elles sont appréciées par les
municipalités, qui s’en servent pour décorer leurs mémoriaux. Elles sont aimées
par les religieux parce qu’elles donnent à leurs cérémonies un surplus de
solennité. Elles sont admirées par
la citoyens qui visitent les dits mémoriaux. Il y a à croire qu’elles plaisent aussi aux morts dont les noms, peints en or, brillent pimpants dans le marbre.
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