Ces derniers temps on parle beaucoup des ours italiens. C'est qu'ils ont fait ce qui était prévisible : après avoir blessé plusieurs randonneurs (c'était pour s'entraîner), ils ont fini par en zigouiller un*. Je m'aperçois que j’ai déjà publié 17 billets sur les ours. Le premier, datant du 20 octobre 2015, était terriblement optimiste. J’écrivais :
« Personnellement je ne crains pas les ours. La possibilité d'être agressé par un ours dans la chaîne alpine dépasse à peine celle d'être écrasé par une météorite. Si pendant mes promenades en montagne je devais être assailli par un ours, il ne faudrait pas en vouloir au Ministère de l'environnement mais aux caprices du destin ».
J’ai vite compris ma superficialité et dans les billets suivants j’ai commencé à mettre en doute les certitudes scientifiques délivrées aux profanes par les amis des grands prédateurs. Dans la région de Trente, actuellement, le nombre d’ours adultes dépasse la centaine. En Slovénie il y en a plus de 2.000. On prévoit d’en éliminer la moitié pour éviter qu'ils ne se mettent à pulluler comme des sangliers.
Les plus malins diront : « Les ours augmentent? Laissons faire les loups ». Mais les ours ne sont pas des sangliers. Et encore moins des moutons.
* Je rappelle mon point de vue : si on a favorisé le retour des grands prédateurs, derrière les raisons d'ordre écologique, c'est pour mettre de l'animation dans les espaces boisés.
Je me répète sans doute encore, mais depuis que j’ai découvert vos réflexions sur ce sujet, la lumière s’est faite pour moi sur la fascination pour la force, dans le camp des prétendus défenseurs de la nature, analogue à celle qui a laissé le champ libre au libéralisme, justement qualifié de sauvage.
RépondreSupprimerDans votre livre « Faut qu’ça saigne ! », vous faites l’hypothèse du besoin refoulé de sacrifice (de l’innocent) par l’intermédiaire des grands prédateurs.
Par extrapolation politique, j’y vois une alliance objective entre deux camps prétendument opposés : un certain écologisme, (je ne confonds pas tout le monde, je me considère moi-même comme écologiste) et le capitalisme financier, productiviste.
Ils ont notamment pour points communs d’imposer leur décisions technocratiques aux gens du terrain par un déni des masses, et donc des massacres.
Masse de gens, masse de bétail réifié, bonne pour l’abattoir.
Parfois on échappe à cette fin millimétrée : un prédateur organise son massacre personnel, légitimé par l’organisation bien comprise d’une société de dominants et de dominés (de nobles buveurs de sang et de stupides moutons, comme on sait).
Mais je commence à sentir des vents contraires.
Armelle Sêpa.
L'ourse qui a massacré le jeune randonneur vient d'ailleurs d'être capturée (c'est une nouvelle de ce matin). Le vent change, parfois, même pour les grands prédateurs.
SupprimerL’ironie du sort, c’est qu’à réintroduire, puis laisser prospérer les prédateurs, on les a fait entrer dans la catégorie des masses et donc, maintenant on va les massacrer aussi.
RépondreSupprimerArmelle Sêpa.