jeudi 30 août 2018

Des bonnes plumes


Défilé des Alpini en Italie du nord

-  Papa, regarde, il y a des Indiens
- Mais non, ce ne sont pas des Indiens

mardi 28 août 2018

Qui a tué Buddy?



 

Buddy était un chien de sauvetage très prometteur. Il n’avait même pas deux ans. Dans « La zampa » (« La patte », un site hébergé  par le quotidien La Stampa),  nous apprenons « qu’il aimait la vie » et « qu’il a été tué par la cruauté humaine ».

Cela ne change pas le fond du problème, mais j’aimerais bien savoir à qui était adressée la boulette empoisonnée avalée par ce Gordon Retriever malheureux.

samedi 25 août 2018

« Ici, pourquoi pas, je verrais bien des loups »





Orianne Lallemand : Mes marionnettes Loup et Louve 





C'est une romance d'aujourd'hui

Il rentrait chez lui, là-haut vers le brouillard

Elle descendait dans le midi, le midi

Ils se sont trouvés au bord du chemin

Sur l'autoroute des vacances

C'était sans doute un jour de chance

Ils avaient le ciel à portée de main

Un cadeau de la providence

Alors pourquoi penser au lendemain ?


C’est presque comme dans la chanson du  Fugain : lui, il venait de Slovénie, elle du Piémont italien. Ils se sont rencontrés à mi-chemin. Depuis,  leurs rejetons   hantent les Préalpes de Vénétie (10 brebis et 4 agneaux zigouillés il y a juste deux semaines, pour ne citer que l'épisode le plus récent). Ils ne font pas précéder leurs carnages par des invocations religieuses.  Ils opèrent néanmoins  au nom d’une entité transcendante : la Biodiversité.

mercredi 22 août 2018

Le palmarès des immondes (encore sur les bêtes au cimetière)




Je reviens sur mon histoire de chèvres au cimetière. Pour certains il s'agit d'une profanation, d'accord, mais à quel titre? Pas de bêtes dans les lieux sacrés ? Pas de bêtes poilues ? Pas de bêtes cornues ? J’ai posé la question à des amis. Le pire, pour eux, ce serait de rencontrer des chiens. Pourquoi ? « Parce qu’ils sont sales et rongent les os ». Pour moi, en revanche, le pire serait  de croiser des rats. Et juste avant les rats, dans le palmarès des profanateurs, je mettrais les ramasseurs d’escargots.

lundi 20 août 2018

Des chèvres au cimetière




Chèvre célèbre

J’ai eu l’occasion de diner avec un entrepreneur du nord-est, comme on les appelle en Italie. Il fait partie de ces chefs d’entreprise cultivés, polyglottes, ouverts sur le monde, avec une vision lucide de ce qui se passe en Europe. Bref, ce qu'il y a de plus branché. Il nous a appris plein de choses. Tout à coup, pour illustrer à la fois un disfonctionnement local et une mentalité, il nous a parlé de sa visite au petit cimetière de montagne où est enterrée sa mère : « J’entends une sorte de béguètement, je me retourne … il y avait deux chèvres. Je me dis : mais ça va pas ? Des chèvres dans le cimetière ! J’ai demandé des explications au fossoyeur, il m’a dit que ça pouvait arriver. Le maire m’a promis qu’il fera quelque chose, tu parles. J’ai consulté la législation en la matière : pas d’animaux dans le cimetières, même pas les chiens. Des chèvres dans le cimetière … et puis quoi, alors ? ». 

De mon point de vue la chose n’était pas très grave. Je la trouvais même sympathique : un collectif alpestre (des humains, des animaux, des edelweiss etc.)  réuni dans l'enclos pour partager le deuil. Le jour après j’ai découvert que même les autres commensaux étaient de son avis : « Des chèvres dans le cimetière c’est inacceptable!». Pourquoi? *



* J’y reviendrai

jeudi 16 août 2018

Par taureau interposé


 

Christian Balzano : Io siamo resilienza

« Adesso tieni un attimo la bici e fammi una foto vicino al toro ». Le grand-père voulait être pris en photo à côté du taureau. Sa petite fille a refusé.  Il a dû se contenter  d’un selfie. Tout le monde n’a pas compris le message de cette sculpture monumentale  hébergée  par la ville de Trévise et âprement critiquée par les animalistes locaux. Moi non plus, pour être franc. Mais je reconnais que le bronze a toujours son attrait et que le martyre du taureau est un noble sujet.

mardi 14 août 2018

L'Italie aux Italiens (chacun chez soi etc.)


 



J’ai aimé plusieurs choses, hier, à la foire Artigianato Vivo qui se tient tous les ans dans la charmante commune de Cison di Valmarino, en Vénétie. Un chevreuil en bois, par exemple, des chats bidimentionnels se baladant sur un mur … . Après je suis tombé sur un calendrier nostalgique affiché sans pudeur à l’entrée d’un stand et ne suscitant la moindre indignation chez les visiteurs. On y voit Mussolini fanfaronnant : « l’Italie aux Italiens » (Matteo Salvini, finalement, n’a rien inventé).  Mon regard a changé. J’ai commencé à voir des  néofascistes et des électeurs de la Ligue du Nord partout (du délire, bien entendu) . L'orage est arrivé. J’ai couru vers la voiture en me demandant si je devais me considérer comme un Italien ou pas.

dimanche 12 août 2018

Histoire d'un scorpion (qui se termine bien)


 

Le scorpion dont il est question


Au rez-de-chaussée, entre la cave et le garage, vit une famille de scorpions. Ils sont là depuis toujours. Il y a quelques années j’ai voulu vérifier la rumeur les concernant :  avec de l'alcool j'ai tracé un rond autour d'un exemplaire de taille moyenne et j’y ai mis le feu. N’arrivant pas à sortir du cercle de flammes le scorpion s’est recroquevillé sur lui même donnant l’impression de se suicider.
Mon comportement a été débile, je le sais. L'effet en tout cas a été théâtral. On aurait dit la fin d’un mélodrame, avec le héros négatif qui poussé dans ses retranchements s’auto-immole (flammes, expiation, catharsis etc.) Une fois  l’expérience achevée j'ai tout de suite réalisé ma bêtise et ma méchanceté.

Il y a quelques jours, au même endroit,  j’ai trouvé un autre scorpion, bien grassouillet celui-là. Je l’ai pris en photo et, influencé par le discours animalitaire ambiant,  je l’ai laissé partir. En remontant l’escalier j’ai commencé à m’interroger sur mon geste : « Je n'ai pas été méchant, cette fois, mais côté bêtise ... j'ai des doutes ».  

vendredi 10 août 2018

Du bon usage des sauterelles



Rien à signaler, ce matin. Tout juste cette sauterelle géante. Pourquoi l'ai-je rencontrée? Il y a sûrement une raison. C'est comme le rêve de l'autre jour : elle m'amène  un message que j'ai du mal à décoder.

mercredi 8 août 2018

La sagesse des rêves (le mangeur mangé)


 
Porcus singularis

Dans mon rêve - sorte d'épilogue heureux - quelqu'un déclamait la formule suivante :

"Et tous mangèrent, y compris le sanglier ... ".

En sortant du sommeil le sens de ce propos  était encore assez clair  : à la fin de l'histoire, le sanglier mange avec les autres  tout en étant mangé.
C'est profond, je crois,  mais j'ai du mal à déchiffrer.

lundi 6 août 2018

Tirez pas sur le coursier



Frida Kahlo, 1941, Self-Portrait with Bonito

Cagliari (Sardaigne), 2 mai 2017. Manifestement « spéciste » (les animaux sont juste des moyens, des intermédiaires  …) monsieur  Ignazio Frailis a tué d’onze coups de couteau madame Maria Bonaria Contu dont le perroquet n'arrêtait pas de l'insulter. S’il avait été antispéciste (les aimaux sont des individus à part entière) il s’en serait pris directement au perroquet.

samedi 4 août 2018

Tapage nocturne


 

C’est la triste histoire de Luciano, un employé du cadastre  de Turin. Il passait ses nuits à vociférer comme un fou. Ses voisins n’en pouvaient plus. Après quelques médiations avortées, il a fallu l’interner. Privé de sa liberté, Luciano s’est laissé mourir.

En fait j’ai menti,  cette histoire est celle de Luky, un berger « maremmano »  de deux ans et demi. Il suffit que le protagoniste soit un  chien pour que  des « non-informations » de ce genre deviennent intéressantes*.

*http://torino.repubblica.it/cronaca/2018/08/02/news/maremmano_troppo_rumoroso_imprigionato_al_canile_d_ufficio_muore-203237803/?ref=RHRS-BH-I0-C6-P3-S1.6-T1

jeudi 2 août 2018

Fétichismes (qui est le plus vivant, l'insecte xylophage ou le lit de mes grands-parents?)



Vers du bois cherchant à effacer le souvenir de ma grand-mère


Ici, toutes les boiseries sont rongées par les vers.  J’ai acheté du produit et je me suis mis à désinfecter une petite écritoire qui avait appartenu à ma grand-mère et à mère par la suite. Du coup je me suis dit qu’il fallait faire très vite, comme si le meuble était en danger de mort alors qu’il traîne dans cet état depuis des années*.
Rien de plus ordinaire que ces projections fétichistes : en cherchant à sauver ces objets poussiéreux nous avons le sentiment de sauver nos ancêtres. Après, je me suis identifié moi-même à l’écritoire (un peu abîmé par le temps mais tout aussi sauvable), et cette urgence thérapeutique m’a paru encore plus flagrante.



Aucune empathie, en revanche, avec les vers.



Avant de passer aux tiroirs j’aurais eu donc quelques minutes  pour sortir boire un apéritif.

lundi 30 juillet 2018

Une sale bête : l'envie. Corollaire 1



L’histoire que je viens de reporter est absolument vraie. Les sentiments et les raisonnements des deux chiens, il faut le reconnaitre, ressemblent drôlement aux nôtres. Mais le narrateur m'assure qu'il n'a rien inventé.

Comme toute histoire, même celle–ci s’inspire d’un motif, reproduit un exemple mythique. Le premier rapprochement qui me vient à l’esprit est avec une publicité de l’huile Bertolli (la série a été diffusée à la télé entre 1962 et 1975). C’était la saga de deux sœurs : Olivella et Mariarosa. Tout semble réussir  à  Olivella : les tartes, la mise en plis,  les réceptions,  les vacances. Mariarosa  se prend pour Olivella. Au lieu de  suivre son propre karma elle passe son temps à singer sa sœur, mais à chaque fois c’est un fiasco. La logique de cette série publicitaire n’est pas très claire : d’un côté elle rappelle celle du conte merveilleux :   Olivella est habitée par la grâce. La grâce est un don, un point c’est tout. Si Olivella utilise l’huile Bertolli c’est « naturel », car l’huile Bertolli partage ses mêmes propriétés. D’un autre côté, plus largement,  elle rappelle la pensée magique : Olivella a de la grâce parce qu’elle consomme l’huile Bertolli. Si Mariarosa consommait l’huile Bertolli, elle en aurait autant.  La logique moderne nous pousserait à affirmer que tout le monde, d’une manière ou de l’autre,  a la grâce.

Tout le monde a des dons  mais ils ne sont pas forcément les mêmes : si on veut être l’autre à tout prix, on souffrira comme un chien. Et on fera souffrir les autres.

Hybrides monstrueux


Un animal chimérique  de Thomas Grünfeld

Lorsqu’on entend la fable de la cigale et la fourmi, l’une qui dilapide, l’autre qui fait la morale, on a tendance à se positionner (avec un penchant pour la cigale que l'on qualifierait, aujourd'hui, d'intermittente du spectacle). De la Fontaine n’avait pas prévu l’existence d’un hybride monstrueux : la cigalofourmi, qui dilapide tout en faisant la morale.

dimanche 29 juillet 2018

Rien de neuf sous la lune, ou presque


 

Vendredi 27 juillet à 22 heures la lune était cachée par les nuages. Je l’ai alors prise en 
photo à 3 heures du matin, lorsqu’elle était redevenue normale (geste insensé, je le sais, mais c’était pour faire comme tous les autres). En regardant le résultat, cependant, je ne la trouve pas si normale que cela.

On m’a toujours assuré que les animaux sont sensibles aux événements astronomiques.
L’autre soir, en attendant l’éclipse, j’ai regardé dans le ciel. Les hirondelles, à première vue,  se comportaient tout à fait normalement. Et les chauves-souris arrivées juste après n’avaient rien d’insolite non plus. C’est que ces animaux modernes, me suis-je dit, nous ressemblent de plus en plus. Ils ont acquis de nouvelles facultés, ils en ont perdu d'anciennes.

jeudi 26 juillet 2018

Scènes de chasse dans l’arche de Noé


Autrefois, la figure du braconnier était entourée d’une aura romantique. Aujourd’hui on pense  plutôt  à un pauvre type qui tire sans discernement sur des espèces protégées, comme  s’il pénétrait dans l’arche de Noé pour faire un carnage.

Je parle des représentations contemporaines du  braconnage   dans une revue qui dans son dernier numéro fait le tour de la question.  Puisque l’article  est en ligne, voici le lien :
  
« Obsolescence d’une star. Le braconnage n’est plus ce qu’il était », in RSDA Revue semestrielle de droit animalier (Jean-Pierre Marguénaud, Florence Burgat, Jacques Leroy, Claire Vial éds.) n. 2/2017 p. 349-364. 



mardi 24 juillet 2018

une sale bête : l'envie (dernier épisode)



Helen Thompson. Holy Smoke – Dog sculptures

Ces propos mélodramatiques montrent à quel point le braque était traumatisé. Mais persuadé comme il était de faire partie d’une famille,  d’avoir des responsabilités (parce que les chiens aussi ont le sens de l’histoire, de la continuité, de la transmission) il s’efforça de tenir bon. Il acheta un essai sur la résilience de Boris Cyrulnik, le lit attentivement  et chercha à se donner un nouvel élan.  

dimanche 22 juillet 2018

une sale bête : l'envie (quinzième épisode)



En suivant des yeux la grille du jardin qui se fermait et le griffon indigné qui disparaissait à l’horizon le braque  pensa :  « Tiens, autrefois ça m’aurait attristé. Maintenant je suis presque heureux. Je le serais pleinement s'il n'était pas trop tard pour en profiter ». Il songea au rôle dévastateur que le griffon avait joué dans sa vie et dressa une sorte de bilan : «Dans ma carrière de chien d'arrêt j’ai fait ce que je pouvais pour contrôler mes défauts et être fier de moi. Je n'ai pas tout raté, je crois. Mais j’aurais pu faire beaucoup mieux  sans les interférences de cet être malveillant : ça a été comme escalader une montagne avec, accroché au dos, quelqu’un qui cherchait à me faire tomber  ».