Je viens de revoir : « De la tête à la queue » de Florence Evrard, un documentaire consacré à l’abattage d’un cochon dans une ferme corrézienne*. Le film résume de façon exemplaire, pour le plus grand plaisir des ethnologues et autres spécialistes de la culture matérielle, la chaine opératoire qui mène du cochon en chair et en os à ses dérivés alimentaires (lard, saucisses, rillettes …) . Mais il n’y a pas que du matériel. Ce qui frappe, dans ces épisodes de la vie rurale reproduits à l’identique pendant des millénaires, est leur haut degré de ritualité. L’ambiance est facétieuse et solennelle à la fois. Le carnavalesque se mélange au tragique et au sacrificiel. Et il y a même de l’ alchimique : à la fin de la transmutation, bien alignés sur la table, des boudins luisants et fumants ont pris la place du cochon. Le contenu du cochon (le boyau) est devenu son contenant. C’est le cycle de la vie et de la mort. Le travail bien fait, la bête disparue, les consciences s’apaisent et on peut passer à autre chose.
*Ce sera le dernier, lit-on
dans la présentation, les fermiers étant
âgés, les sensibilités ayant changé. Maintenant, comme le proposent les
militants du mouvement antispéciste, il faut épargner les animaux de rente : pour préserver les variétés régionales
(la race basque, la gasconne, le
cul noir des Pyrénées …), on n’a qu’à les transformer en animaux de compagnie.
Ce n’est pas nouveau, je suis écœurée par le traitement industriel des animaux, de la naissance à la mort, et j’aurais tendance à soutenir une approche traditionnelle, dans le principe, si cela permet de leur offrir la meilleure vie et la meilleure mort possibles.
RépondreSupprimerJ’ai le vague souvenir d’avoir été présente à un tel événement, enfant, dans le Morbihan, mais à l’écart, visuellement.
Je suis passée à peu près directement de l’horreur des cris de l’animal aux « produits dérivés », que je n’ai pas dédaignés.
Vous nous provoquez sur votre blog pour que nous regardions certaines vérités en face.
Je ne doute pas que le film puisse permettre de faire passer la pilule.
Mais pour moi qui découvre sans filets l’image que vous proposez, elle est insoutenable, autant que celles de L 214.
Vous êtes peut-être en train de devenir un militant du végétarisme à votre insu.
Vous avez parfaitement raison. Soustraite à son contexte, à l'histoire qui lui donne un sens (et dans son anthropomorphisme implicite, elle est particulièrement troublante. Rester sur cette image c'est aussi faire tort au film qui n'insiste pas sur ces aspects (sans pour autant les cacher). Je la remplace tout de suite.
RépondreSupprimerJe ne comprends pas comment cette image peut faire tort au film !
RépondreSupprimerC'est qu'elle n'est plus la même.
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