lundi 15 juillet 2024

Le devenir de l’antispécisme


Manifestation à Trente après la suppression d'un ours "à problèmes"

 

 Tiens, me suis-je dit, j’ai passé des années à signaler les excès de l’antispécisme, les ambiguïtés de certaines fondations pour la défense des animaux, l’attitude presque religieuse des végétariens les plus intransigeants, et après, tout à coup, ma ferveur « savonarolienne  » s’est atténuée. À l’époque, je travaillais encore sur les espèces invasives et l’expansion de ces idéologies émergentes, de ces lectures alternatives de notre rapport à la réalité me paraissait irréversible - opportune dans une certaine mesure, mais inquiétante. Je crois avoir trouvé la raison de mon changement d’attitude. Ma perception de l’actualité a changé depuis que j’ai arrêté de consulter Twitter (ça s’appelait encore comme ça).  Sur Twitter je m’étais abonné à une brochette de sites dédiés à la nature et à la question animale. J’ai ainsi fini par faire coïncider le réel des relations que nous entretenons avec le « vivant » avec la réalité toute particulière des militants les plus engagés.   Depuis que j’ai arrêté avec Twitter le monde a pris une forme plus courante, avec ses carnivores décomplexés, des propagateurs de blagues salaces et/mais marrantes sorties des tréfonds de l’imaginaire collectif, des gens tout à fait normaux indifferents aux animaux et qui n’ont pas honte de le reconnaitre. Vue dans cette optique, la trajectoire de ces mouvements « fondamentalistes » qui me donnait le sentiment d’une dynamique colonisatrice portant atteinte à la biodiversité culturelle, me fait penser à l’évolution de certaines espèces invasives. On croyait qu’elles auraient saturé l’écosystème, elles finissent souvent  par se contenter d’une niche où elles prospèrent à côté des autres espèces, contribuant à l’harmonie collective (et à ses quelques dissonances).

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