mercredi 3 juillet 2024

Pour qui voter dimanche prochain ? Le point de vue d’un animal parmi tant d’autres


 

Je me souviens de l’époque où je commentais  avec effroi la victoire électorale de Donald Trump, ou celle de Matteo Salvini, le chef de file de la Ligue du Nord devenu plus tard ministre de l’intérieur du gouvernement italien.  Dans un vieil article qui s’appelle “« Je interdit ». Le regard presbyte de l’ethnologue”*, j’ai expliqué pourquoi, dans la recherche en sciences humaines et sociales,  le locuteur a le devoir de se positionner. Ce n’est pas du narcissisme. Cela permet à  l’interlocuteur de connaître l’orientation (psychologique, morale, idéologique …), de la personne qui lui parle et de mieux comprendre le sens de ce qu'elle dit. C’est une bonne règle dans plusieurs champs de la communication. Donc, même si je ne suis pas concerné personnellement (je vote en Italie), j’aime bien me positionner : je prétends être de gauche sans être pour autant populiste, les deux choses n’allant pas forcément ensemble**. C’est à partir de ma sensibilité de gauche que périodiquement, sur ce blog,  je me permets d’attirer l’attention sur l’intolérance, l’intégrisme, parfois même l’agressivité, de certains représentants  de la gauche actuelle. Je ne passe pas mon temps à critiquer l’extrême droite,  cela me paraît implicite et superflu.  Il me semble plus utile de signaler le danger constitué par ceux et celles qui, au nom des valeurs que je défends depuis des décennies, cherchent à brider les libres penseurs. Je les considère particulièrement nocifs/nocives parce que,  par leur sectarisme et leur penchant pour le politiquement correct, ils/elles poussent des démocrates sincères, anciens militants, activistes …   à ne plus se reconnaître  dans la gauche et, parfois, à retrouver leurs affinités  ailleurs, ce qui n’est pas mon cas ***.

Cela dit, à un moment où prendre position devient important, je n’ai aucune hésitation : je voterais pour le Nouveau Front Populaire. Je trouve  immoral et opportuniste que l’on prétende mettre sur un  même plan l’extrême droite et  la gauche. Je trouve  tout aussi inadmissible que l’on prétende mettre sur un  même plan l’extrême droite et l’extrême gauche, même si certains  représentants de LFI, d'après moi,  trouveraient bien leur place de l’autre côté***.

Ils est à la mode, aujourd'hui, de décréter la fin de l'opposition droite/gauche, mais les deux ethos ne se ressemblent pas.  Les conceptions de l’humain, de ce qui fait notre dignité, sont tout aussi éloignées. Ne serait-ce que par rapport à la liberté d’opinion et d’information, à la défense de la culture et de l’environnement****, de la  création artistique, des droits civiques, de la paix sociale,  l’extrême droite au pouvoir aurait des effets ravageurs.

J'ai un peu honte du ton solennel de ce billet, alors que sur ce blog je passe mon temps à faire le pitre.  Mais je suis inquiet.

*« Je interdit ». Le regard presbyte de l’ethnologue, in (Georges Ravis-Giordani éd.), Ethnologie(s). Paris, CTHS, 2009 p. 18-40 

** Mussolini au départ était socialiste, je sais, mais ce n'est pas un  bon exemple.

*** Il faudrait leur dire, ils se sentiraient plus à l'aise.

**** Culture au sens anthropologique du terme, la vision « patrimonialiste » du RN  ramenant la notion de culture à l’époque du pittoresque et de l’Académie Celtique. Grandiose institution, l’Académie Celtique, mais aux débuts du XIXème siècle.


3 commentaires:

  1. Je découvre que je suis à la mode, moi qui ne me suis jamais sentie de mon époque, et aujourd’hui moins que jamais.
    Pour ne pas parler des trahisons successives des « ennemis de la finance » prétendument de gauche, au profit du libre-échangisme le plus débridé, de la confusion des valeurs dans les sujets societaux, de l’abandon des plus modestes aux problèmes de précarité en matière de revenus, de logement, de santé, d’éducation, d’accès à la culture, de sécurité,… résumons poliment la dispersion de la droite et de la gauche au constat que, quel que soit le gouvernement élu, comme nous le savons depuis la crise grecque, il obéit à la troïka (la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international).

    Armelle Sêpa

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    1. Le gouvernement n’est pas élu… et pour « l’obéissance à la troïka » il existe des bémols que peuvent peut-être tenter de mettre certains membres de gouvernement et pas d’autres !
      Certes le capitalisme financier contribue à l’aggravation des inégalités , on peut être déçu(e)s ( j’en suis) mais n’oublions pas l’histoire !!

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  2. Je comprends votre égarement. Pour ce qui concerne la dernière partie de votre propos, je dois avouer mon incompétence. Mon attachement à l’idée d’Europe n’est pas très raisonné. C’est un attachement sentimental (une autre manière d’être patriote ?) basé, peut-être, sur un manque de réalisme. D’autres, avec un peu de chance, réagiront à votre lecture pessimiste avec des arguments capables de la confirmer ou de l’infirmer.

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