Cortège de Gattare avant leur réhabilitation de la part des autorité italiennes
Autrefois les Gattare,
les femmes à chats, étaient considérées comme des sorcières. Il y en avait une
à Milan, en rue Pontaccio, qui infectait la cour avec ses cadavres de poulet
bien alignés. C'était juste à côté d'une galerie d'art contemporain mais ce n'était pas du body art. A Marseille, dans le
quartier du Panier, j'en ai connue une autre qui semblait sortir d'un roman de
Victor Hugo. Pâle, à peine habillée, elle rôdait derrière la place des Pistoles avec ses barquettes de
sardines pourries qui dégageaient des miasmes hallucinogènes. En la voyant les
gens criaient : "Au bûcher,
au bûcher ... ".
Aujourd'hui le
statut des femmes à chats n'est plus le même. Comme nous l'apprend Anna
Mannucci, qui en est la plus grande spécialiste, les gattare de Rome sont devenues des fonctionnaires de l' État censées protéger la communauté des chats du Colisée, élevée au rang
de "Patrimoine national". Voici ce qu'elle écrit à propos de la
conception du monde des gattare.
« [Chez
les chats] la mortalité néo-natale et infantile est un fait extrêmement naturel
et utile au maintien de l’équilibre démographique. Sur une portée de cinq
chatons, pratiquement quatre environ, mais parfois tous, meurent rapidement. De
privations, faim et maladies, donc avec beaucoup de souffrance. Si les petits
sont soignés, nourris et arrivent à survivre, bientôt ils se reproduisent à
leur tour. La population augmente
vertigineusement, avec tout ce que cela comporte. La « gattara »
saisit cela clairement, elle voit, dans le concret, la dialectique entre éros et thanatos, leur réciproque et tragique nécessité. On pourrait dire
que la « gattara » est malthusienne. La « gattara » moderne
agit par la prévention, elle fait stériliser les chattes (même les males, mais
c’est moins urgent). De cette manière, elle cherche à interrompre le flux des
naissances et donc des souffrances et des morts. Ce changement dans la gestion des
animaux errants a une grande utilité pratique aussi bien que symbolique :
la stérilisation clôt la source de la vie pour éviter la douleur et la mort. De
nombreuses « gattare » le disent explicitement, ce qui peut sembler
paradoxal : leur désir c’est qu’il n’y ait plus de chats errants ».
Anna Mannucci, « La donna dei gatti. Dalla gattara anomica alla tutor
della legge ˝281˝, in, S.Dalla Bernardina éd., Retoriche dell’animalità/Rhétoriques de l’animalité, La ricerca
folklorica n. 48, Brescia, Grafo, 2003,
p. 117
Bref, dans leur
radicalisme inspiré, les gattare révèlent des motivations qui dépassent la simple philanthropie.
Sergio, ti amo!
RépondreSupprimerMi ameresti un po' meno se sapessi come ho commentato il passaggio in questione (cf. "Les joies du taxinomiste : classer, reclasser, déclasser", in Aux frontières de l'animal. Mises en scène et réflexivité (Annik Dubied, David Gerber et Juliet J. Fall éd.), Droz, Genève, 2012 (67-83). Appena trovo il coraggio te lo spedisco.
SupprimerPeut-être que notre entêtement à nous détruire en sabordant la planète est l'expression de l'inconscient collectif, qui trouve là l'ultime protestation contre un démiurge sadique. On résout le problème par la suppression de l'énoncé.
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