samedi 22 avril 2017

L'homme qui couvait des œufs. Métissages ontologiques au Palais de Tokyo


J'ai emprunté cette image au quotidien Le Monde*

On a beaucoup épilogué autour de l' "envie du pénis" qui, d'après Sigmund Freud, serait une constante du genre féminin. Or, s'il y a quelqu'un d'envieux, selon  l'anthropologue Françoise Héritier, ce sont bien les hommes : la domination masculine n'a rien de naturel, elle compense le chagrin de ne pas pouvoir procréer. Tout en feignant le contraire, autrement dit, l'homme jalouserait l'utérus et ses propriétés génésiques, ce qui est  assez vraisemblable.

Cela dit, s'il y a quelqu'un qui est manifestement habité par des fantasmes utérins c'est bien Abraham Poincheval. Dans le passé, à la manière des ermites mais aussi des fœtus,  il  a vécu des journées entières niché dans une pierre "matricielle" de douze tonnes. Plus tard, au Musée de la chasse et de la nature, il  s'est installé dans le ventre d'un ours où il a séjourné pendant 13 jours,  question de développer une perception du monde de type chamanique.
Tout récemment, en avançant dans sa quête, il s'est perfectionné en passant  du stade de fœtus à celui de maman.  Les visiteurs du Palais de Tokyo ont ainsi pu l'admirer logé dans une vitrine pendant qu'il couvait  des œufs de poule suivi par des caméras. 
Des poussins sont nés. L'artiste nous assure qu'ils ne seront pas mangés. Je trouve que c'est judicieux. Ce serait du cannibalisme.


*Le Monde | 02.04.2014 à 10h50 • Mis à jour le 03.04.2014 à 21h58 | Par Emmanuelle Jardonnet

3 commentaires:

  1. Étonnant artiste plasticien qui était venu vivre 7 jours dans un trou creusé dans notre librairie de cœur (histoire de l'œil, Marseille *) en 2012 et, me sentant plus proche des idées de F. Héritier que celles de Freud quant au homme/femme, la performance d'Abraham Poincheval en jusqu'au boutiste du papa-poule illustre pour moi le rêve de beaucoup d'hommes... Certes il n'est ni cannibale, ni le roi des titans Cronos... il délègue sa paternité ( les poussins rejoindront la ferme de leur grand-père en Normandie) et le mouvement PETA de s'insurger :
    "Anissa Putois, chargée de campagne pour l’association PETA France (sigle de Pour une éthique dans le traitement des animaux) n’est pas contente. « C’est une expérience traumatisante pour ces petits poussins qui vont naître sans leur mère », dénonce-t-elle." dans le Monde du 31 mars 2017 mis à jour le 5 avril 2017...
    J'aimerais savoir comment va vivre ce poussin... parfois il vaut mieux un bon père...



    *http://www.galerieho.com/archives_expo/Abraham-Poincheval

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  2. Menons les donc chez un psychiatre... N’est-on pas en train de perdre le sens des hiérarchies avec ce genre de questions oiseauses?...

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    1. Vous n'avez peut-être pas tous les torts. Hélas, je crains qu'il faudrait amener aussi les poussins.

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