jeudi 6 avril 2017

Plénitude et condition animale : le salon de Guipavas



J'aime taquiner les amis des animaux. Je veux dire les militants et, plus précisément, ceux qui font de leur passion pour les animaux un  marqueur identitaire ("Moi, Monsieur, j'aime les animaux ...").  C'est que, comme Pierre Bourdieu,  j'ai une certaine méfiance vis à vis de ceux qui parlent au nom des autres*.  Dans la vie concrète, cependant,  je trouve cette communauté tout à fait attachante.

Il y a quelques jours j'ai visité le Salon du bien-être animal à Guipavas (Finistère). Il n'y avait que des gens tranquilles avec quelques animaux parfaitement anonymes. Ils n'étaient pas là pour se faire remarquer. La composante utopiste (ou tout simplement avant-gardiste) était majoritaire. Certains offraient des services, à savoir des compétences, des soins, des produits homéopathiques. Nous avons parlé de furets à héberger, de porcelets à ne pas castrer, de chats à caser (et parfois à castrer, parce qu'ils prolifèrent), de taxis pour animaux malades, d'une association qui signale les chiens errants et cherche à identifier les accidentés de la route, d'éducation canine, de l'efficacité du silicium pour rajeunir les chevaux, de la souffrance animale, du pouvoir cancérigène du saucisson et des différentes diètes végétariennes. Je ne citerai pas ceux qui avaient occupé le salon  pour des raisons bassement commerciales (en confondant le bien être de l'animal avec celui de son propriétaire) et qui  n'étaient pas très nombreux.


* Je reconnais en même temps que les animaux, sans intermédiaires, auraient  du mal à s'exprimer.  Je cite Bourdieu parce que cela accroit mon pouvoir symbolique : Cf., à ce propos : "La délégation et le fétichisme politique", in Langage et pouvoir symbolique, Seuil "Points", 2001

1 commentaire:

  1. C'est bien le problème de cotoyer l'objet de nos préjugés... On finit par les comprendre et entrevoir des préoccupations dont on se moquait ou qu'on snobait, en plus ils sont sympathiques. Les ethnologues de cabinet en étaient préservés, tout comme les idéologies rampantes qui tentent d'émerger. Heureusement que Bourdieu est là pour restaurer cette distance.

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