Hirondelle désorientée cherchant à sortir d'un grenier
Dans son
bel ouvrage Man and the Natural World
l'historien anglais Keith Thomas nous rappelle que dans les sociétés
traditionnelles le domestique et
le sauvage (là où cette notion existe) doivent rester à leur place. Il dresse
ainsi la liste des présages négatifs que ses compatriotes tiraient, à l'époque
élisabéthaine, de l'irruption dans la maison de bestioles censées
rester dehors :
" Il était toujours inquiétant voir
des créatures sauvages empiéter sur le domaine des hommes : si une ville était
subitement infestée de geais et de hiboux, par exemple, ou si une abeille
sauvage entrait en volant dans une maison, ou si une troupe de requins
accompagnait un navire, ou si un corbeau faisait son nid sur le clocher d'une
église, ou si une corneille descendait par la cheminée, ou si une souris
courait sur vos pieds, ou si un rouge-gorge tapait à la fenêtre (ce dernier
événement étant une forme notoire d'« appel » qui, même à l'époque victorienne, faisait se mettre au lit les hommes
en pleine santé)"*.
Heureusement,
après être rentrés dans la maison, les animaux sauvages cherchent à en sortir.
Ce qui, à mon sens, est un présage positif. Les deux présages, finalement, se
neutralisent.
*Keith
Thomas, Dans le jardin de la nature. La
mutation des sensibilités en Angleterre à l'époque moderne (1500-1800),
Paris, Gallimard, 1983, p. 99
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