Une fois rentré dans le jardin, le braque aurait eu tendance à éponger les mesquineries de son copain : « Allons, la vie est courte, le jardin est accueillant et dans le vaste monde il y a des belles collines partout ». Mais le griffon ne l’entendait pas ainsi : « Comment, oses-tu être heureux, se disait-il, alors que tu es à l’origine de mon chagrin ? C’est honteux. Je suis indigné ».
C’est toujours pratique d’être indigné, lorsqu’on a quelque chose à se faire pardonner. L’important c’est de le rester. Une fois l’indignation disparue, en fait, on se retrouve tout seul face à ses responsabilités.
Profitant de l’indignation, le griffon décida qu’il avait droit à vingt pour cent de nourriture en plus par rapport à son camarade. « Mais ne partage-t-on pas équitablement ? lui demandait le braque. « Eh bien non, mon cher, parce que moi j’ai souffert ! Et il faut que ça se sache ». Lorsqu’il croisait d’autres chiens il en profitait pour leur dire : « vous voyez ce braque qui gigote là-bas, qui fait son intéressant … oui, cet exhibitionniste là-bas … eh bien, c’est mon tortionnaire ». Alors le braque approchait pour apporter quelques précisions : « Son tortionnaire? Vous ne pouvez pas imaginer ... ». Sa voix était couverte par celle du griffon qui criait : « Ne l'écoutez pas, c'est un manipulateur! ».
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