L’autre
jour j’ai présenté aux étudiants* un classique de l’anthropologie française. Il
s’agit d’un long article d’Yvonne Verdier consacré à la manière dont les
habitants de Minot, dans le châtillonnais, concevaient la relation entre le cycle menstruel,
la météorologie, l’agencement des saisons et les cycles lunaires. Cette étude
magistrale montre toute la cohérence de la pensée symbolique et l’existence
d’une cosmologie officieuse, vernaculaire, dont on trouve
encore des traces dans l’imaginaire contemporain. Les étudiants n’ont pas
apprécié. Petit à petit ils ont commencé à quitter la salle. J’ai dit :
« Yvonne Verdier était une femme et n’y trouvait rien d’obscène. Elle était même fière, je crois, d’avoir
mené cette belle enquête ». Après j’ai demandé : « Personne, parmi
vous, n’a jamais entendu parler de ces croyances, de ces
préjugés ? ». Silence de mort. Un étudiant en géographie a alors pris
la parole : « C’est mieux comme ça, n’êtes-vous pas d’accord ?
« Peut-être », ai-je répondu, « mais alors c’est la fin de
l’anthropologie ».
*C'était un cours transversal adressé aux étudiants de première année (psychologues, historiens, géographes etc.).
Oh ! Je suis consternée ! Et même bien triste !
RépondreSupprimerÀ quel moment ça a coincé pour en arriver à ce stade ! Le formatage véhiculé par notre société est-il un gommage ?
Pas surprenant que des minots s'affranchissent une fois encore des règles...
RépondreSupprimerBon sang de bonsoir ! Laurence Mermet