dimanche 5 janvier 2020

Le premier écologiste de France





Le premier écologiste d'Italie


Quel crédit faut-il donner à la formule : « Les chasseurs sont les premiers écologistes de France » ? D’un côté, si l’on pense à multitude de tireurs génériques qui se réunissent le dimanche pour mettre  à mort des sangliers des décharges  (nouvelle variété qui prolifère dans l’espace périurbain »ou des faisans engourdis  par la sur-domestication, on aurait envie de répondre à la question par un large sourire. Les vrais connaisseurs du comportement animal, de la météorologie, des écosystèmes … les vrais ornithologues, les vrais éthologues, éventuellement, sont les piégeurs, les oiseleurs et autres braconniers détestés par le « vrai chasseur »  (qui se réclamait plutôt, jusqu’à la semaine passée ou presque, de la figure du « sportman »).  D’un autre côté, cependant, on ne peut que reconnaître l’efficacité des mesures prises par les chasseurs à partir des années 1960, ayant permis le retour et la multiplication  de nombreuses espèces (et ce ne sont pas les cerfs ou les chevreuils qui diront le contraire). Le chasseur, si on veut prendre au sérieux cette généralisation, est ambivalent : d’un côté il aime protéger, de l’autre il aime tuer. Cette duplicité fait  penser, avec tout le respect, à ces chiens des maisons pavillonnaires  qui aboient très fort d’un air menaçant tout en remuant leur queue en signe de joie.

Dans son article « Gestion de la chasse et gestion des chasseurs » Andrea Zuppi* souligne très bien cette ambivalence telle qu’il a pu l’observer pendant son enquête dans les Pyrénées françaises. J’ai beaucoup aimé le passage où, en suggérant l'existence d'autres mobiles, il écrit « Quand un animal est abattu, aucun chasseur ne se félicite avec son collègue en lui disant : “Bien joué, mon vieux, c’est un joli coup pour la gestion du biotope».

* De la bête au non-humain. Perspectives et controverses autour de la condition animale (Sergio Dalla Bernardina dir.),  édition numérique Collection « Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques »
2020 (à paraître).

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