samedi 19 septembre 2020

"Chasses traditionnelles" : un concept très vague qui crée de la confusion

 

Derrière la formule « chasses traditionnelles », se cachent des mondes fort différents, parfois incompatibles. Voici, sans livrer le fond de mon analyse, un bref passage de Faut qu'ça saigne* où je décris la chasse à courre :

« Aujourd’hui encore, il n’y a pas que les chasseurs qui prennent du plaisir à la reproduction cérémonielle de cette pratique anachronique largement folklorisée. Autour de ce cortège en costume, comme le montrent Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot*, orbite une nébuleuse de badauds, de vacanciers, de riverains qui admirent, ravis, le spectacle. Les médias aiment beaucoup ce genre de représentations, notamment les organismes de propagande qui trouvent dans cette « survivance » – que l’ethnologue désenchanté interpréterait plutôt comme une « réinvention de la tradition » – de quoi prouver que « la chasse est culture ». Les opposants à la chasse aussi l’ aiment beaucoup, parce qu’elle leur permet d’ illustrer, dans un cadre exemplaire, le bien-fondé de leur position »**.

*Foncièrement charmés, je trouve,  par ce gymkhana en style Renaissance faussement interclassiste. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, La chasse à courre : ses rites et ses enjeux, diversité sociale et culte de la nature, Paris, Éditions de Montbel (Bibliothèque du roi Modus), 2018

**Sergio Dalla Bernardina, Faut qu’ça saigne. L'amour de la nature, entre écologie et religion, Éditions Dépaysage, 2020.

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