vendredi 8 novembre 2024

La chasse : une fanfaronnade ? (3) La fonction sacrée du pétard


 

Jules Breton, La Fête de la Saint-Jean, 1875, musée des Beaux-Arts de Philadelphie.

 

À quoi servent les feux d’artifice ? À l’origine, on le sait, ils servaient à éloigner les mauvais esprits. « Vous rôdez autour de nous avec vos intentions sinistres ? Alors, regardez ce que nous savons faire, nous les humains. Regardez bien, tremblez, et dégagez ! ». Les feux d’artifices tatouent, pour un instant,  le corps inaltéré de la nature*. Ils affichent dans le ciel la capacité poïétique de notre espèce**. En même temps, ils nous permettent d’exprimer notre joie d’être-là. Ils soulignent notre présence par un feu multicolore dans la nuit. La nuit, c'est connu, on aime allumer des feux.

Lorsqu’on n’a pas de pétards à portée de main et qu'on veut marquer la liesse collective par le bruit – un bruit qui nous console de la tristesse champêtre, intimide les fantômes et autres diablotins qui hantent les venelles mal éclairées - on sort son fusil et on tire, collégialement, vers le ciel. C’est ce que, dans le sud de la France, on appelait les « bravades ». (À suivre)

* « Ce n’est pas vrai », objectera l’établisseur de vérités scientifiques et morales qui surveille nos dérapages, « les feux d’artifice polluent, dérangent les animaux, coûtent plein d’argent qui pourrait être utilisé de façon bien plus raisonnable ». Peut-on lui donner tort ? La réponse est non (d’autant plus que notre désaccord le remplirait de tristesse).

** Poïétique : du grec ancien ποιητικός (« propre à fabriquer, à confectionner »).

1 commentaire:

  1. Je vois tout à coup les fusées quittant la Terre s’inscrire dans le même élan fanfaron de bruit et de lumière.

    Armelle Sêpa.

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