Jules Breton, La Fête de la Saint-Jean, 1875, musée des Beaux-Arts de Philadelphie.
À
quoi servent les feux d’artifice ? À l’origine, on le sait, ils servaient
à éloigner les mauvais esprits. « Vous rôdez autour de nous avec vos
intentions sinistres ? Alors, regardez
ce que nous savons faire, nous les humains. Regardez bien, tremblez, et dégagez ! ».
Les feux d’artifices tatouent, pour un instant, le corps inaltéré de la nature*. Ils affichent dans
le ciel la capacité poïétique de notre espèce**. En même temps, ils nous
permettent d’exprimer notre joie d’être-là. Ils soulignent notre présence par un
feu multicolore dans la nuit. La nuit, c'est connu, on aime allumer des feux.
Lorsqu’on n’a pas de pétards à portée de main et qu'on veut marquer la liesse collective par le bruit – un bruit qui nous console de la tristesse champêtre, intimide les fantômes et autres diablotins qui hantent les venelles mal éclairées - on sort son fusil et on tire, collégialement, vers le ciel. C’est ce que, dans le sud de la France, on appelait les « bravades ». (À suivre)
* «
Ce n’est pas vrai », objectera l’établisseur de vérités scientifiques et
morales qui surveille nos dérapages, « les feux d’artifice polluent,
dérangent les animaux, coûtent plein d’argent qui pourrait être utilisé de
façon bien plus raisonnable ». Peut-on lui donner tort ? La réponse
est non (d’autant plus que notre désaccord le remplirait de tristesse).
** Poïétique : du grec ancien ποιητικός (« propre à fabriquer, à confectionner »).
Je vois tout à coup les fusées quittant la Terre s’inscrire dans le même élan fanfaron de bruit et de lumière.
RépondreSupprimerArmelle Sêpa.