Les experts d’éthique animale connaissent bien la théorie des « Animaux machine ». On attribue à Pascal et Malebranche l’idée que « nos amis les bêtes » ne sont au fond que des automates, des poupées mécaniques : ils/elles font semblant de souffrir mais ce n’est que de la mise en scène. On aime rappeler cette histoire pour montrer à quel point l’Occident « naturaliste » cherche à refouler ses racines animales*. Tourner en dérision cette théorie obsolète offre plusieurs avantages : cela renforce notre amour propre (« J’ai du bon sens, moi … ce n’était pas leur cas ! »). Ça permet de taquiner les philosophes et les intellectuels en général qui, installés dans leurs tours d’ivoire, perdent tout contact avec le vivant, sa matérialité, ses frémissements. ses pulsations.
La condition humaine
Cette mise en robot du non-humain était l’aboutissement d’une réflexion philosophique, c’est vrai, mais j’ai entendu une explication alternative douée d’une certaine crédibilité. Bien que « mécanistes », Pascal et Malebranche étaient des croyants. Ils pensaient donc que si le Bon Dieu nous a logés dans cette vallée de larmes, c’est que nous le méritions. Si nous souffrons, en fait, c’est à cause du péché originel. Mais les animaux, eux, n’ont commis aucune faute. Pourquoi devraient-ils souffrir ? Ce serait injuste et en contradiction avec l’esprit divin. Il en découle que les animaux ne souffrent pas : ils se limitent à faire des cris et des grimaces. La théorie des animaux machine, dans ce sens, répondrait plus à des raisons théologiques qu’à des considérations scientifiques. (À suivre)
*Le « naturalisme », selon Philippe Descola, correspond à la vision Occidentale moderne considérant qu’une frontière infranchissable sépare les humains des non-humains.
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