mardi 19 novembre 2024

Naître garçon et devenir chat

 

J'ai emprunté cette image au site:  https://www.slate.fr/story/95139/chercheuse-convention-furry

On a cru que c’était vrai. Lorsqu’en août 2023, sur Tiktok, une mère a raconté que son fils se prenait pour un chat, qu’elle l’a amené, comme il le souhaitait, chez le vétérinaire et que celui-ci à refusé de l'examiner (« Je vais peut-être porter plainte » a-t-elle ajouté), beaucoup d’internautes ont cru au  canular*. Pourquoi ? Tout simplement parce que cette histoire est plausible et corrobore des fantasmes qui sont dans l’air.

 

« Rumeurs et légendes urbaines – écrivaient Véronique Campion-Vincent et Jean-Bruno Renard en 2002 – sont objet de croyance et de diffusion (…) parce qu’elles remplissent des fonctions psychologiques et sociales qui font que le contenu d’une rumeur ou d’une légende apparaît comme vraisemblable, intéressant, important et finalement nécessaire » De source sûre. Nouvelles rumeurs d’aujourd’hui  Payot, 2002, (p. 331).

 

Le charme de cette rumeur réside dans sa capacité démonstrative : elle confirme l’impression (impétueuse chez les observateurs les moins optimistes) que la société contemporaine est en train de perdre ses repères : « Vous avez vu ? Je l’avais dit  … On commence à tout relativiser, à remettre en cause les frontières entre les êtres, les choses ... et voici le résultat ». **

 

*J’ai trouvé cette information sur un site que je ne connaissais pas (https://www.demotivateur.fr/insolite/tiktok-son-fils-s-identifie-comme-un-chat-mais-son-veterinaire-refuse-de-le-soigner-sa-mere-s-insurge-dans-une-etonnante-video-38301). Je laisse au lecteur la charge de vérifier sa fiabilité.

** Une variante récente, m’a-t-on signalé, remplace le chat par  une chèvre. S’agit-il bien d’une variante ou de la réalité qui rejoint la fiction ?

2 commentaires:

  1. C'est assez drôle, je trouve, de penser que nous sommes autres chose que ce que nous sommes. Aujourd'hui tout est "subjectif", avec chacune et chacun sa "vérité" ou encore qu'est-ce que "la réalité ?" etc. C'est un problème de fond. Car finalement, nous cherchons une identité à l'extérieur alors qu'au fond, que nous le voulions ou pas, nous sommes des êtres humains hommes et femmes, avec toutes les nuances que cela comprend. Et que les mots ne nous conviennent pas c'est une chose, mais nier la réalité tangible c'est comme "macdonald qui se prend pour un restaurant gastronomique".
    Merci pour ce billet. Bien à vous,

    Matthias Koehler

    RépondreSupprimer
  2. Les convictions identitaires peuvent aussi varier d’un jour à l’autre. Parfois, je dois l’avouer, j’ai le sentiment d’être un Macdonald qui se fait des illusions. Le problème que vous évoquez, en tout cas, est bien réel (sauf si l’on adopte une posture perspectiviste).

    RépondreSupprimer