Karl LIESKE (Groß-Schönau bei Zittau, 1816 – München, 1878)
Retour de chasse au cerf en montagne
Le mot fanfaronnade employé dans le post précédent et la référence à un monde amélioré parcouru par des "Ennemis de Rabelais"* moralement irréprochables m’incitent à prolonger mes considérations sur l’automne, la nature et l’art de la chasse.
Dans mon ouvrage « Faut qu’ça saigne », salué dans les revues de chasse par une réaction unanime**, j’insistais sur les manifestations de liesse qui, dans le passé, accompagnaient le retour des chasseurs. C’était le retour à la maison des hommes du village avec quelque chose de bon à manger, ce « surplus aléatoire » sortant du circuit économique et de la notion de travail au sens strict. Sur un plan symbolique, c’était aussi le retour des héros civilisateurs qui revenaient de leur incursion dans l’ailleurs, ce no man’s land inquiétant, réceptacle des entités (animales, humaines, surhumaines …) les plus angoissantes. Les chasseurs revenaient du monde « d’à côté » qui envoie périodiquement ses émissaires vers les enclos et les champs cultivés, un univers sombre et désordonné qui attend ses dompteurs, ses inspecteurs, ses exorcistes, bref, ses démiurges. (À suivre).
*J'entends par-là les ennemis du corporel et du physiologique, disposition psychologique et morale finement décrite et analysée par Mikhaïl Bakhtine dans : L'œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance – Gallimard, coll. Tel, 1982.
** C’est à dire par un silence presque funéraire.
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