Adepte du zoo safari en pleine action
Ce blog, on l'aura
remarqué, a une fonction semi-ludique.
Je m'en sers pour exprimer mon point de vue de libre citoyen. J'y aborde des
questions sérieuses de façon légère, polémique parfois, passionnée ou ironique selon les cas. Je suis très
reconnaissant aux quelques complices qui aiment bien jouer le jeu avec moi.
Je m'occupe de ces
mêmes questions de manière moins subjective et plus structurée dans mon travail
et, tout particulièrement, dans le cadre du séminaire que je tiens à l'EHESS
consacré à notre rapport à la nature en général et aux animaux en particulier.
Ce séminaire, qui a
lieu tous les 15 jours, est ouvert
au public. Quelques lecteurs de ce
blog pourraient être intéressés aux thèmes qu'on y traite. Ils seront les
bienvenus.
Voici la problématique de cette année et
l'annonce de la première séance.
Séminaire EHESS (IIAC-Centre Edgar Morin)
L'appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi.
La prédation comme spectacle.
2e et 4e lundis du mois de 15 h à 17 h (salle 10, 105 bd
Raspail 75006 Paris), du 14 novembre 2016 au 12 juin 2017
Soucieuse de ne pas
sur-interpréter et de ne pas projeter sur autrui les valeurs de l'Occident,
l'anthropologie contemporaine cherche à connaître les manières singulières,
propres aux différentes cultures, de penser les relations entre les humains et
les non-humains. Dans ce but, elle s'intéresse aux représentations collectives,
aux mythes, aux commentaires officiels définissant les conditions idéales
d'échange avec les autres espèces. Là où un observateur candide et
ethnocentriste verrait un fait "universel", l'observateur éclairé
saisit des significations plus profondes : le combat de coqs à Bali, par
exemple, au-delà de ses implications sanglantes, devient une "forme artistique"
et "la réflexion d'une société sur elle même". La chasse au sanglier
dans les Cévennes, en dépit de son issue fatale pour le partenaire animal,
devient "un jeu avec l'animal". La chasse au pécari dans la forêt
amazonienne est moins une traque qu'une drague (c'est la proie elle même,
séduite par les charmes du chasseur, qui s'offre à lui). Ces lectures
respectueuses de la doxa indigène nous rappellent la pluralité des conceptions
du monde. Elle risquent néanmoins de laisser dans l'ombre les motivations
"officieuses", inavouables ou tout simplement "inaudibles"
de l'activité prédatrice et des autres formes de "prélèvement" de la
vie animale. Le séminaire de cette année porte sur ces motivations officieuses.
Nous nous pencherons sur le discours orthodoxe, conventionnel, entourant la
"bonne mort" des animaux. Mais nous nous interrogerons aussi sur les
gratifications éventuelles associées à l'expérience, plus ou moins directe,
plus ou moins ritualisée, de leur poursuite et de leur abattage. Dans un de ses
derniers essais Norbert Elias, en collaboration avec Eric Dunning, qualifiait
de Quest for excitement l'engouement pour la violence que le spectacle sportif
serait en mesure de satisfaire et de contrôler. Par quelques exemples choisis
nous verrons comment les différentes cultures modulent cette disposition
collective en lui conférant, au cas par cas, des connotations et des
significations spécifiques.
Séance du 14 novembre (15h-17h) salle 10
Sergio Dalla Bernardina
Tuer un "presqu'humain". L'anthropomorphisation
de la proie dans la tradition occidentale.
Pour donner libre cours à son
activité, le chasseur occidental doit bien garder à l'esprit l'idée qu'une
frontière ontologique le sépare des autres espèces. Dans ses témoignages,
cependant, dans ses récits, dans ses expressions plastiques et picturales, il
ressent le besoin d'anthropomorphiser sa proie en lui prêtant des traits
psychologiques, parfois même anatomiques, proches de l'humain. En revenant sur
d'anciennes recherches* et sur des matériaux récents, nous nous interrogerons
sur les raisons et les implications de ce paradoxe.
*"Il simbolismo venatorio
: Analisi di tre testi poetici dell'Ottocento bellunese", in Sergio Dalla
Bernardina, Il miraggio animale, per
un'antropologia della caccia nella società contemporanea, Roma, Bulzoni,
1987 p. 19-50.
- "Une personne pas tout à fait comme les autres, l'animal et son statut" L'Homme, 1991, p. 33-50.-
- L'utopie de la nature. Chasseurs, écologistes, touristes, Paris, Imago, 1996
- "Une personne pas tout à fait comme les autres, l'animal et son statut" L'Homme, 1991, p. 33-50.-
- L'utopie de la nature. Chasseurs, écologistes, touristes, Paris, Imago, 1996
Quelle belle mise en scène!!! Et quel programme alléchant!
RépondreSupprimerJe trouve fort intéressant le " 20 ans après " dans votre recherche. La prise en compte de la conscience, souffrance, intelligence...du monde animal, maintenant bien médiatisée... le chasseur occidental n'a même plus besoin d'anthropomorphiser, c'est fait ! Donc, quel discours tenir ?
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