Captain Findus à bord de son célèbre bateau la "Calypso"
Moi j'ai ma vie,
les animaux sauvages ont la leur. Nous sommes contents comme cela. Il
semblerait que la chose la plus importante au monde, aujourd'hui, soit de
communiquer avec les animaux. Ethologues, philosophes, zoo-anthropologues (je n'ai
pas inventé cette catégorie, elle existe vraiment) nous chantent quotidiennement,
comme des bardes, l'histoire de la réconciliation de l'homme et de l'animal. Il
nous parlent de la rareté des bêtes sauvages dont il sont les représentants
(les concessionnaires, pourrait-on dire) et, par là, de leur préciosité. Connaitre les animaux sauvages confère
du prestige. En avoir côtoyé
quelques uns donne à notre existence un surplus de signification. C'est comme
dans les histoires de chasse et de voyage dont je me suis occupé dans le passé.
Avoir un ami braconnier, pourvu qu'il soit un paysan authentique, c'est illégal (on devrait le dénoncer) mais
c'est chic. Avoir rencontré les "derniers sauvages" au cours du Camel
Trophy ou d'un safari photographique, c'est ce qu'il y a de plus enviable. Vite
un selfie!
Il y a quelques
jours un jeune dauphin s'est échoué dans une plage en Argentine. Tous les
baigneurs ont voulu se faire immortaliser à côté de lui ("Moi humain, lui
dauphin, on s'embrasse, on s'aime,
que c'est tendre, que c'est beau ...). À la fin de la séance le dauphin
était mort.
Merci dauphin, tu
nous as fait le plus grand bien.
Histoire similaire en Chine l'été dernier, également aux USA, avec des bébés requins.
RépondreSupprimerIl y a eu un démenti sur l'épisode argentin (qui, en fait, a presque un an).
On affirme que le dauphin en question était déjà mort au moment d'échouer.
Mais ça valait sans doute mieux pour lui : l'attroupement inconsidéré a bien eu lieu, et sur les photos, les nombreux candidats aux caresses (plus qu'aux selfies) ne semblent ni savoir qu'il est mort, ni songer à le remettre à l'eau.
Ça m'évoque la fin de Jean Baptiste Grenouille, dans "le Parfum", de Patrick Suskind.
Les dieux, les stars (bêtes de scène), et les bêtes sauvages (ce qui devient rare devient cher?) libèrent pareillement les pulsions semble-t-il.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerOu il s'agit d'un autre dauphin (toujours en Argentine?) ou la Repubblica, effectivement, donne cette information avec une année de retard. Pourquoi cette exhumation? Pour des raisons didactiques? Pour des raisons morales? Parce que nous aimons nous indigner en entendant ce genre d'histoires?
RépondreSupprimerhttp://www.repubblica.it/ambiente/2016/02/18/foto/portato_fuori_dall_acqua_per_i_selfie_muore_un_cucciolo_di_delfino-133692259/1/#1
L'article de votre lien indique bien la date du 18 février 2016.
RépondreSupprimerOn a tendance à opposer la réflexion, qui serait constructive, à l'indignation, qui serait une posture narcissique et stérile. Selon l'avis de Stéphane Hessel, qui s'y entendait (et que je partage en toute modestie), c'est un préalable à l'engagement (après réflexion).
Cela dit, le relativisme trouve, là encore, un boulevard pour imposer son statu quo: les indignités ne sont pas les mêmes pour les uns et pour les autres.
Sur les photos du cas qui nous occupe, on voit beaucoup d'enfants, qu'on peut absoudre d'emblée (ils ne savent pas ce qu'ils font). Il y a des expressions très opposées sur les visages des adultes : sourires ou réprobation. On peut penser que la conscience des besoins vitaux de l'animal chez chacun nous épargnerait ce genre d'épreuve.
Je n'ai rien contre la réconciliation de l'homme et de l'animal -qui plus est ce ne serait pas politiquement correct par les temps qui courent... mais bon !-, il serait intéressant aussi de penser à la réconciliation de l'homme avec le même que lui. Et pour le migrant qui échoue sur une plage, où se suicide dans le Grand Canal à Venise,* quelles caresses ? Et pendant ce temps là vocifère la Trumpette..
RépondreSupprimerhttp://www.huffingtonpost.fr/2017/01/27/la-ville-de-venise-va-payer-les-funerailles-du-migrant-mort-noye-insultes-badauds/
Les circonstances de la noyade du jeune Pateh Sabally sont navrantes et des attitudes écœurantes ont été relevées mais c'est largement dénoncé depuis.
RépondreSupprimerJe ne comprends pas votre "mais"..., le fait de dénoncer une attitude écœurante est une chose, le fait de l'existence de cette attitude en est une autre !
SupprimerVous étiez préoccupée par la "réconciliation de l'homme avec le même que lui": c'était une façon, mal exprimée sans doute, d'essayer de vous rassurer en vous signalant que beaucoup de gens partagent cet écœurement.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si nous vivons sur la même planète, mais les choses écœurantes ne sont pas précisément une nouveauté.
Sans doute vivons nous sur la même planète, cette planète au XX° siècle tragique *, cette planète où "L'animal que donc je suis" **, l'homme autrement dit pour mon propos,, se sert de sa parole pour amplifier, libérer ses mauvais instincts sans complexe aucun, et tenter de les partager... les manifestations aux E.U., montrent bien le schéma... indignation, réflexion, action que vous évoquiez.
Supprimer*Tzvetan Todorov " Mémoire du mal, tentation du bien"
** Jacques Derrida
Les animaux ont-ils besoin de notre amour? À priori, non. Cela dépend de nos propre suppositions quant aux animaux. Les animaux veulent-ils quelque chose? À priori, les scientifiques nous répondent que chaque espèce a pour but de survivre.
RépondreSupprimerOr, notre existence met en danger la leur. Ils auraient donc besoin que nous disparaissions. Et si nous nous refusons à disparaître, il faudrait alors que nous coexistions. Et c'est dans ce cadre là qu'ils auraient besoin de notre amour. L'humain protège ce qu'il aime. Ici, on pourrait donc dire que l'animal a besoin de notre amour. Notre "amour" va lever des fonds de recherche, encourager la protection de certaines espèces... Mais avons nous définit amour? Aimer, Est-ce forcément protéger? Peut-on détruire ce que l'on aime? Est-ce du vrai amour envers l'animal ? Les scientifiques de la nature nous rappellent souvent que l'amour ne suffit pas, il doit être ajouté à de de la connaissance.
Ces touristes se prenant en photo, aimaient ils vraiment l'animal? Ou aiment ils l'idées qu'ils s'en font, ou encore pire, l'idée que leurs propres amis se feront d'eux en voyant la photo...