mercredi 6 février 2019

Bêtes culturophages (questions d’éthique animale).




 
Poisson d'argent et clémentine
Il cherchait à sortir d’une coupe à fruits mais à chaque fois ça glissait et il se retrouvait en bas, à côté d’une clémentine. « Je sais d’où tu viens, lui ai-je dit, de mon Journal des voyages de 1896, ou du Bescherelle de 1865  dont tu as déjà bouffé un certain nombre de pages ». En famille ils l’appellent l’Ibé. Je pensais que c ‘était son nom français, ou sa dénomination scientifique. C’était tout juste l’acronyme de « Immonde bête ». C’est vrai qu'en matière d’insectes j’ai vu mieux*. Fallait-il l’éliminer ? Je l’ai regardé encore un peu, pendant qu’il cherchait à regagner ma bibliothèque. « Si je le gracie, me suis-je dit », il n' épargnera que mon exemplaire de  La libération animale de Peter Singer.  

* Ce propos n'engage que moi. Et en plus, à un examen plus attentif, je le trouve même pourvu d'une certaine grâce.

3 commentaires:

  1. Je suis un peu embêté d'avoir lu cet article parce que j'ai repéré un poisson d'argent dans ma salle de bain, et j'aime bien le regarder courir sur le carrelage quand une envie pressante me force à me lever pendant la nuit (d'ailleurs, j'ai toujours cru que c'était un cousin de la limule, mais en fait non). Je ne savais pas du tout que cet insecte causait des ravages dans les bibliothèques ; or la mienne, à laquelle je tiens beaucoup, n'est pas très loin de la salle de bain. Je me demande si je n'ai pas brisé le charme en apprenant les goûts de cet insecte, et s'il ne va pas dès maintenant se les rappeler pour s'attaquer à mes chers volumes. Je viens d'aller dans la salle de bain et il semble décidé à y rester. En tout cas je n'ai pas eu le coeur de le tuer.

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    1. Soyez inexorable. Dans ma bibliothèque ils se sont installés définitivement. J’ai constaté que ces insectes culturophages ont des préférences. Ils s’attaquent tout particulièrement à un certain type de matériaux. Ils sévissent sur des couvertures polychromes en carton souple, par exemple. Ils boudent les collections scientifiques sans images, du genre NRF Gallimard. je crois apercevoir dans cette attitude un certain infantilisme.

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  2. Ils changeront d'avis en se rendant compte que le niveau de la NRF n'est plus ce qu'il était. Je crois que cette invasion est facilitée par l'humide climat brestois : chez moi les conditions nécessaires à la survie de ces monstres ne sont réunies que dans la salle de bain mais, vous avez raison, je crois que je vais appliquer le principe de précaution, et les exterminer.

    A Brest, rue du docteur Bonain, habite un vieux monsieur qui vit avec un perroquet du Gabon (la bête a vécu près d'un carrefour, et ne sait dire que "p'tit con" et imiter le "tut tut" d'un camion qui fait marche arrière). Le monsieur aime les livres et a une bibliothèque superbe, pleines d'éditions originales, auxquelles le perroquet cause des dégâts considérables, à tel point qu'il a fallu protéger les livres, et lui en laisser un en pâture (je ne sais plus lequel). D'ailleurs, une fois, faute de livres, cette créature féroce s'est posée sur mon épaule et m'a pincé l'oreille au sang. Le vieux monsieur m'a dit que c'était parce qu'il était jaloux, mais n'a pas envisagé de sacrifier le perroquet.

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