mardi 19 février 2019

Traumatismes de guerre (aux innocents) (2) : la mort du poulpe


 

Planche issue de l’ouvrage : Histoire naturelle générale et particulière des céphalopodes acétabulifères vivants, et fossiles…/ 1835-1848



C’était à Marseille, au  vieux port. Les poissons venaient d’être déchargés des bateaux et frétillaient sur les bancs. « Regardez : tout vivant, tout vivant ! ». Les gens achetaient leur merluchon  et repartaient tranquilles. Dans le sac en plastique les merluchons avaient le temps d’effectuer leurs dernières convulsions. Moi, ce jour-là,  j’avais acheté un poulpe. Il bougeait pas mal lui aussi. Je l’ai laissé dans le frigo pendant un instant et, lorsque je suis revenu, il avait disparu. Pendant la recherche  j’ai cru apercevoir deux jeux qui me fixaient.  Derrière les yeux se trouvait  le poulpe. Il avait pris  la même couleur que le frigo. Je l’ai attrapé, je l’ai tué*, je l’ai vidé, je l’ai lavé et je l’ai mis dans l’eau bouillante.

Au fur et à mesure que sa peau devenait rouge mon sentiment de culpabilité s’atténuait.  



* Je pourrais utiliser un euphémisme, ou dire qu’il était déjà presque mort. En fait, je l’ai bien tué.

8 commentaires:

  1. Réponses
    1. Mi sono limitato a fare come Zuckerberg, che uccide quello che mangia.

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  2. https://www.corriere.it/animali/18_dicembre_06/intelligenza-polpo-seppie-giganti-05dd15f6-f92d-11e8-ae58-9c21af36aa5f.shtml

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  3. "...à l'époque, personne ne doutait de la nécessité de la torture, ni les juges, ni les accusés." A. Pouchkine : "La fille du capitaine".

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  4. C'est, justement, ce que j'ai cherché à expliquer au poulpe.

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  5. Avec tous ses cœurs et tous ses cerveaux, je pense qu'il comprend.

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