Poisson joyeux à l'insu de son plein gré
Tchouang-tseu et Houei-tseu se promenaient sur le pont
enjambant la rivière Hao. Tchouang-tseu dit :
- Regarde les vairons, qui nagent et bondissent tout leur
soûl. C’est ça qui rend les poissons heureux.
Houei-tseu dit :
- Tu n’es pas un poisson, alors comment sais-tu ce qui rend
les poissons heureux ?
C’est ce qu’on demande parfois aux anthropologues* : « Tu
n’es pas de chez nous … tu n’es pas un Piémontais, un Breton, un Inuit
… Comment prétends-tu savoir ce qui nous rend heureux ? »**
* Mais il s'agit d'une provocation à laquelle il ne faut pas
répondre.
** Tiré de : L'éternelle sagesse du Tao. Le rire de Tchouang-Tseu (textes choisis et commentés par Stephen Mitchell, Synchronique Editions, 2018
Ce qui est drôle dans cet extrait de Tchouang-Tseu, c'est qu'il y a une personnification de l'animal, car le poisson, comme les autres animaux, n'ont pas de conscience réfléchie. De fait, ils ne pensent pas et n'ont pas cette notion "d'être heureux ou non", ils sont et se contentent d'être.
RépondreSupprimerEt ce qu'il y a encore de plus profond, c'est qu'il y a un peu une réflexion vis-à-vis des humains. Dans le fond, cela signifie que personne d'autre que soi même ne peut savoir et ne sait mieux pour soi que les autres. C'est intéressant notamment à mettre en perspective avec certains psychologues, psychiatres, médecins et autres professionnels qui parfois ont trop tendance à se positionner dans une position de "moi je sais ce qu'il vous faut, j'ai la solution parfaite et vous vous ne savez pas ou vous ne pouvez pas avoir les clés". Aussi d'ailleurs à mettre en regard avec le développement contemporain du retour au développement personnel et spirituel, qui remet l'accent sur "vous être votre propre clé"