samedi 11 avril 2020

Les chasseurs : les premiers flics de France ? (1 le factuel)




Le Chasseur Français et la question du droit d'accès à la nature
Cela fait des années, désormais, que les chasseurs cherchent à se faire bien voir. Pendant un long moment ils ont insisté sur le caractère sportif et désintéressé de leur passion. Après, pour se faire accepter par une opinion publique de plus en plus hostile, ils ont commencé à mettre en avant l’argument des traditions ancestrales, dont ils seraient les dépositaires. Parallèlement, ils sont devenus écologistes. Ils l’ont toujours été, d’ailleurs, comme le proclament aujourd’hui leurs représentants.  Et pourquoi pas? Tout n’est pas faux, dans leurs  plaidoiries.

Ce qui est sûr, c’est qu’ils sont  de moins en moins aimés et qu’ils font de leur mieux pour corriger  ce sentiment. Mais voilà  que, au beau milieu de leurs  efforts pour devenir sympathiques,  les représentants de l’autorité, par inadvertance,  sont venus  leur casser  la baraque.

Il semblerait en fait que le préfet de Seine-et-Marne, ait décidé « de réquisitionner pour au moins trois week-end – je cite le périodique Marianne * -  des chasseurs et gardes-chasse de son département pour surveiller la population, en supplément des forces de l’ordre ». Pas tous les chasseurs - il faut le préciser -  seulement les chasseurs assermentés. La crème, disons. (La suite après demain).

9 commentaires:

  1. En fait, il s’agissait de la chasse aux œufs de Pâques, pour calmer les frustrations cynégétiques : « le préfet a finalement abrogé cet arrêté en urgence. "Il a été mal écrit, mal formulé dans le libellé", concède Thierry Coudert auprès de Marianne. « 

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  2. ...chasse aux lapins de Pâques pour les plus atteint(e)s.

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  3. Cette fois les chasseurs ne passeront peut-être pas pour les "méchants". Je suis surprise des nombreux cas de "délation" rapportés par la presse en ce moment. N'y aurait-il pas un plaisir un peu jouissif à dénoncer son prochain, motif inavouable qui se dissimule très bien en ce moment derrière l'argument d'agir pour la bonne cause: épargner des vies et soutenir les soignants qui se démènent chaque jour pour le bien de tous. "Mon voisin fait un barbecue", "cet homme est dehors depuis une heure quarante", "ce buraliste a laissé un habitué lire son journal au comptoir..." (on me résumait l'autre jour un article de l'Ouest France je crois dans lequel les gens se plaignaient de voir trop de promeneurs sur le Cours Dajot)

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    1. Dans l'analyse de cette crise vous sous-estimez peut-être les actes de noblesse, qui sont très nombreux. Mais c’est en effet un joli sujet. On ne réfléchit pas assez autour de la délation. Si on balance son voisin, son cousin, son frère, c’est toujours pour de bonnes raisons (le rétablissement de la vérité, la justice, l’intérêt collectif …). Alors que la littérature et le cinéma explorent largement cette dimension, les sciences humaines ne prêtent pas assez d’attention, à mon avis, aux composantes passionnelles (aux mobiles viscéraux, sordides et mesquins), qui guident parfois nos agissements.

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    2. Qu’est -ce-que la jalousie ? N’est-ce pas elle la plupart du temps à l’œuvre dans les délations ? Et je suis d’accord avec vous on assiste à beaucoup « d’actes de noblesse », parfois même nous avons de belles surprises...
      Quant aux chasseurs... cela serait des chasseurs sans ou avec chien ?

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  4. Cette crise est comme un état de grâce : j'ai pu rattraper le temps perdu, et je suis enfin à jour dans mes lettres de dénonciation. Ma voisine sait désormais que son mari la trompe avec sa meilleure ami ; la police sait que mon autre voisin fait pousser du cannabis dans le fond de son jardin ; le fisc est au courant que mon imbécile de cousin s'est payé une piscine en mentant sur sa déclaration... Et je fais tout ça pour la meilleure raison qui soit : je veux embêter le monde.

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  5. Je ne voulais pas paraître aussi cynique, je vois aussi la solidarité qui s'installe, le courage de ceux qui doivent encore aller traviller même quand ils ont peur, et les efforts de la plupart des gens

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    1. Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous donner des leçons de morale, c’était juste pour faire « imploser », en les anticipant, des critiques éventuelles. De mon côté, j’ai bien aimé votre trouvaille de la délation. Je ne la trouve pas cynique mais simplement lucide (ce n’est pas parce que la situation est grave qu’il faut fermes les yeux sur l’opacité des conduites humaines - y compris les nôtres).

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  6. C’est une mise en abyme, la dénonciation de la dénonciation.

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