Chasseurs assermentés se
préparant à contrôler les joggers abusifs dans une forêt tyrolienne
(Suite du billet précédent) Il va sans dire que Monsieur le Préfet a pris cette
initiative pour des raisons objectives et incontestables : il
s’agissait de faire surveiller les
bois par des personnes compétentes et fiables. Mais c’était sans compter avec
le symbolique. C’était sans penser aux associations d’idées qui se nouent dans l’imaginaire
collectif sans qu’on puisse les contenir par des arrêtés préfectoraux. Face à la pandémie, en fait, les
citoyens aiment bien qu’il y ait des contrôles, même dans les bois. Ce qu’ils n’aiment pas, c’est que
ces contrôles soient exercés par les chasseurs. Pourquoi ? Mais c’est évident. Parce que les
chasseurs, pour une bonne partie des
Français, n’ont plus aucun droit de
circuler dans les bois (ni dans les campagnes, ni dans les jardins publics et autres surfaces verdoyantes). Ils sont juste
tolérés, et ils devraient remercier le ciel de pouvoir encore exercer. Qu’ils
prétendent contrôler leurs compatriotes, ça, alors … ce serait le comble*.
Et après, bien sûr, ces initiatives techniquement irréprochables mais très chargées symboliquement risquent d’alimenter des délires malsains
du genre : « Pourquoi a-t-on sollicité cette catégorie de
citoyens ? Parce que, armés
et en treillis, ils sont déjà un peu plus " flics " que les autres?
Parce qu’ils savent se faire respecter? Parce qu’ils ont le sens de l’ordre et
de la hiérarchie ? Parce qu’ils votent volontiers à droite et sont
donc plus « patriotes » que les néo-druides ou les militants de Greenpeace ? ». Voici
qui ranime de vieux stéréotypes :
précisément ces clichés associant la chasse au pouvoir et à l’univers
militaire dont le chasseur moderne,
pacifiste et éco-responsable, veut
aujourd’hui se débarrasser.
* Je n’ai rien contre la chasse,
je me limite à reporter la pensée courante.
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