Dans La langue des bois*, je commence par analyser la « Comédie de l’innocence » chez les chasseurs d'ours sibériens et je finis par évoquer le cas d’Adriano Sofri, ancien protagoniste des « années de plomb » qui a passé un long moment dans les prisons italiennes**. Mon étude parle essentiellement du rapport à la nature mais dans l’épilogue je n’ai pas résisté à la tentation de comparer les pratiques de culpabilisation/déculpabilisation propres aux sociétés non-modernes avec le rituel judiciaire contemporain.
J’apprends que Giorgio
Pietrostefani, un camarade de
Sofri qui comme d’autres militants d’extrême gauche s’était réfugié en France
en profitant de la « doctrine Mitterrand », sera bientôt livré aux
autorités italiennes. Les commentateurs hésitent. Certains apprécient. Pour d'autres c'est une trahison. D'autres encore, aimeraient avoir plus de renseignements sur la culpabilité des accusés. Ils n'ont pas compris que du point de vue du rituel, du dispositif théâtral et de son efficacité sociale, l'innocence ou la culpabilité de l'accusé ne sont que des détails.
* La langue de bois. L’appropriation de la nature entre remords et mauvaise foi. Paris, éditions du Muséum d’Histoire Naturelle, 2020
**Carlo Ginzburg, grand spécialiste de l’Inquisition et de la chasse aux sorcières lui a consacré une belle étude : Le juge et l'historien. Considérations en marge du procès Sofri, Lagrasse,. Verdier, 1997
Cucù
RépondreSupprimerCome commento lo trovo un po' succinto
Supprimer