Les gattare, en Italie, sont les femmes qui nourrissent les colonies de chats (gatto=chat)*. Je m’aperçois tout d’un coup que je suis devenu un gabbianaro (gabbiano=goéland). Je nourris Maurice.tte et ses nombreux avatars (ils se présentent un par un me faisant croire que c’est toujours le même) avec des morceaux de pain sec, des pâtes et autres céréales. Tout à l’heure, la moitié d’un maquereau traînait sur une assiette près de la fenêtre. Maurice a commencé à gesticuler. Il a ouvert grand son bec, il a tapé contre la vitre, il a émis des gémissements du genre : « Et moi, alors ? ». Cette frénésie m’a dérangé, mais je ne comprenais pas pourquoi. Après j’ai réalisé. Les prétentions avides de Maurice m’ont rappelé que les goélands, normalement, sont censés se procurer leurs maquereaux tous seuls. Derrière lui, au loin, on apercevait l’océan. J’ai pensé aux goélands honnêtes et laborieux en train de conquérir leur pitance entre le phare du Petit Minou et la pointe Saint-Mathieu. J’ai quand-même ouvert la fenêtre. J’ai donné à l’impétrant deux biscuits qui stagnaient dans la cuisine depuis un moment (c’est déjà immoral, finalement) et je lui ai dit : « Contente-toi et laisse–moi tranquille, goodbye ».
* Les représentants du genre
masculin sont en train d’augmenter,
paraît-il (je ne trouve pas qu'il faille les stériliser pour autant).
On aurait tendance à penser que ce sont plus de femelles qui entraînent plus de petits. Mais (hélas) un chat femelle peut porter la fécondation de plusieurs mâles à la fois.
RépondreSupprimerComme on ne renonce pas à ses idées fixes sur ce blog, j’insiste sur le fait que (n’étant pas animaliste), je suis sans hésitation, mais pas sans états d’âme, pour la castration des chats mâles.
…Pour leur épargner bien des misères, également aux victimes de leur prédation, et beaucoup de contrariétés aux humains qui les recueillent.
Je comprends. D'autres (mais pas moi - les chats peut-être), diraient que c'est un point de vue spéciste.
SupprimerVivant en ville, entre deux routes fréquentées, j'ai tendance à être d'accord avec Armelle, mais en même temps je trouve horrible de priver un animal de ses attributs ; bref de l'empêcher, pour des raisons morales qui lui échappent totalement, d'être capable de réaliser une nécessité de l'espèce : se reproduire. Est-ce qu'un chat castré est tout à fait un chat ? Je dirais que non, comme je me considérerais moins qu'un homme si je devenais eunuque, non pas par machisme, mais parce que je ne pourrais plus procréer. Et encore ! Un eunuque pouvait avoir un rôle social important, et acceptait (quand il ne s'agissait pas d'un accident ou d'une punition) cette "dégradation" de nature en songeant à ce que la société lui devait. Le chat, lui, ne doit pas tellement se soucier de la question du rang sociale chez les humains.
SupprimerJe crois que je castrerais mon chat avant tout pour mon propre confort, parce que je me dis que, s'il pouvait choisir, il préférerait les affres d'une vie de matou au confort d'une vie de minou. Les animaux domestiques ne sont officiellement plus des biens meubles, mais en un sens ils ne l'ont jamais été plus qu'aujourd'hui, où la relation utilitaire qu'on entretenait avec le chat et le chien a quasiment disparu. Maintenant, on attend qu'il ne soit plus que des petits coeurs avec du poil autour ; des boules d'amour sans contradiction - en somme des enfants qui resteraient éternellement des enfants, et qui nous offriraient une affection sans aspérités, alors que ce sont elles, et jamais l'amour sans nuage, qui nous font avancer, réfléchir, et ne pas sombrer dans nos habitudes les plus ridicules.
Autant empailler son meilleur ami tout de suite : il est déjà une chose.
Tout à fait. En d’autres termes, j’ai bien précisé que je ne suis pas animaliste. Mais je me sens de grandes responsabilités envers la nature et le bien-être de tous.
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