« Autour
de midi sur une place ensoleillée des Préalpes vénitiennes. C’est l’heure de
l’apéritif. Les pigeons sont affairés. Ils doivent faire face aux incursions
des moineaux, petits mais très rapides,
sans perdre de vue les « stuzzichini » (cacahuètes, olives et
autres « tartines ») posés sur les tables à côté des boissons. Ça y
est : un couple d’Allemands vient de partir en laissant dans l’assiette
quelques chips. Les pigeons se
lancent. Le verre de Campari, avec ses glaçons et sa tranche d’orange, part en éclats. Une femme sort du café en criant :
« Andate via brutte bestiacce » (foutez le camp, sales bêtes). D’une table
un peu plus loin, quelqu’un lui répond : «Insomma, non esageriamo, povere
bestie » (Enfin, n’exagérons pas, pauvres bêtes). Ce ne sont pas
des membres de la fondation Brigitte Bardot qui sermonnent la dame, mais des
visiteurs du Parc des Dolomites à l’accent très citadin. Je les
écoute depuis un moment, mon Campari bien serré dans la main pour parer à des
attaques éventuelles ».
C’est le début de mon étude Le retour du prédateur. Mises en scène du sauvage dans la société post-rurale, Presses Universitaires de Rennes (2011). Il date un peu. Je l’ai relu récemment pour préparer mon intervention à un workshop sur le réensauvagement organisé par le laboratoire MIMMOC de l’Université de Poitiers. Dix années plus tard, je suis toujours en phase avec ce que j'écrivais. Ma lecture du retour du sauvage et de ses conséquences s'éloigne de celle de Joëlle Zask qui dans Zoocities (éd. Premier Parallèle, 2020), aborde la question avec un autre regard. (À suivre)
Quelque chose a changé sur votre blog ou est-ce que c'estr moi qui prête pour la première fois attention à l'entête?
RépondreSupprimerEffectivement j’ai ajouté une phrase. Mais ça fait déjà un moment. C’est pour profiter au mieux de mon blog. Parfois, je crois trouver dans mes anciens écrits des propos aptes à commenter l’actualité. J’aime donc les exhumer. Parfois j’ai l’impression que rappeler mes idées principales m’aide à lutter contre l’oubli. De façon involontaire ou délibérément, nous avons tendance à refouler les trouvailles d’autrui : nous oublions d’avoir lu des choses quelque part et nous les reprenons à notre propre nom.
SupprimerC’est aussi ce qui s’appelle … avoir de la suite danse les idées ! Nicole Juin
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