lundi 26 décembre 2022

Peut-on échapper au naturalisme?

 

 

 

Gravure de Charles Le Brun,1619-1690

 

Leibniz estimait que l’onomatopée est à l’origine du langage. Il a été démontré par la suite, semble-t-il,  que ce n’est pas vrai. Mais l’idée est passionnante. Dans la mesure où les onomatopées sont issues des bruits du monde, elles devraient être compréhensibles même par les non-humains.

J’y pense en lisant ce commentaire  de Bernard Kalaora revenant sur notre séminaire du 12 décembre :  « Sur la question du langage et du rapport à la nature, être au plus près du vivant, peut-être faudrait-il en passer par la poésie ... je pense à Francis Ponge, Le parti pris des choses. Voilà ce que dit  Maurice Blanchot dans son texte célèbre "La littérature et le droit à la mort " où il explique comment les descriptions du poète Francis Ponge sont composées "de toutes ces métaphores empruntées au pittoresque monde humain, ces images qui font image, en réalité représentent le point de vue des choses sur l'homme" ».

(Suit une référence au constat, émergée dans le cadre du séminaire, que « l'animisme ne peut s'abstraire, du moins dans le contexte occidental, du naturalisme ». Autrement dit, on a du mal à imaginer que l'on puisse s'affranchir du système ontologique qui nous a structurés).

 « Et Blanchot de poursuivre sur Ponge : " Et voici un homme qui observe plus qu'il n'écrit: il se promène dans un bois de pins, regarde une guêpe, ramasse une pierre. C'est une sorte de savant, mais le savant s'efface devant ce qu'il sait, quelquefois devant ce qu'il veut savoir, homme qui apprend pour le compte des hommes: lui est passé du côté des objets, il est tantôt de l'eau, un galet, un arbre, et quand il observe, c'est pour le compte des choses, et quand il décrit, c'est la chose elle-même qui se décrit. Or c'est là qu'est le trait surprenant de cette transformation, car devenir un arbre, sans doute cela se peut-il et  le faire parler, quel écrivain n'y parviendrait ? Mais l'arbre de Francis Ponge est un arbre qui observe Francis Ponge et se décrit tel qu'il imagine que celui-ci pourrait le décrire"(…) ».

Ce qui inspire à Bernard Kalaora la question suivante : « Puisque l'attente dans toute forme de perception est l'évanouissement du sujet selon Ponge, avons-nous besoin de chamanes et de traducteurs pour accéder  au monde non humain ?  

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