Si
le Créateur existe, il doit être
structuraliste. Prenons l'ours et le loup. A priori on n'y pense pas, mais ils ont été conçus l'un par
rapport à l'autre. L'ours est individualiste. Il se
déplace en petit comité, avec sa
compagne et ses deux enfants (ce
que les anthropologues définissent comme une famille nucléaire). Le
loup, collectiviste, préfère la meute. L'un, plantigrade, tend à la verticalité. Les autres
rampent à la queue leu leu dans la
plus stricte horizontalité. L'un -
tout le monde le sait - tue
proprement : il se limite à
prélever une petite brebis, lorsqu'il en a besoin, et l'amène silencieusement dans les bois (enfin, sur ce point il faudrait demander des confirmations
aux bergers ...). Les autres aiment le sang, se remplissent joyeusement la
panse et se livrent à des carnages
parfaitement inutiles. Par rapport
à son corps, l'ours a la tête
petite. Le loup, affecté d'incontinence anale (dans l'imaginaire folklorique), est une grande gueule béante. Sur le
plan symbolique, le premier représente l'animal qui aspire à l'humanité. Le
second, l'humain qui sombre dans la bestialité. Le chaînon intermédiaire est le
loup-garou.
Ce
n'est pas moi qui le dis, c'est l'ethnologue Sophie Bobbé dans son ouvrage : L'ours et le loup, essai d'anthropologie
symbolique. Paris, MSH/INRA, 2002
Très beau billet. J'aime beaucoup la manière dont vous menez votre réflexion. J'ai de plus en plus de mal à me passer de vos petits articles...
RépondreSupprimerMerci pour votre encouragement. On a toujours peur que cela tombe dans le vide.
RépondreSupprimerMagnifique ! J'attends donc la suite sur les loups-garous. Mais y-a-t-il des ours garous ?
RépondreSupprimerImpatiente de vous lire à ce sujet.
Eh bien ... ils sont rares. Je vais me documenter.
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