Cliché de Sergio Dalla Bernardina
"Pourquoi devrais-je accrocher des morceaux de
cadavre à la maison?", m'a demandé un chasseur de l'arrière-pays corse qui,
en dépit de sa réputation, n'avait pas de trophées à me montrer*. On peut
comprendre sa réticence : la conservation des restes du gibier présente en effet des
aspects funéraires. Inversement, on pourrait dire que la mise en esthétique des
restes des défunts (la fétichisation de leurs objets personnels,
l'exposition de leurs portraits retouchés et embellis comme on le fait pour les
trophées) a quelque chose de cynégétique.
Tout récemment on a appris la disparition de
Renato Bialetti, inventeur d'une célèbre cafetière (la Moka Bialetti) qui a pas
mal contribué à la diffusion du stéréotype de l'italien moustachu avec sa
tasse de caffè ristretto perpétuellement à la main.
Ses cendres, nous apprend la presse, on été recueillies dans une moka Bialetti
grand format. Où sera déposée la relique? Au cimetière, ce qui est tout à fait normal. Mais en
Italie, si on y tient, on peut garder ce genre de souvenirs chez soi. On peut installer le grand-père sur la commode, à côté de ses coupes et de ses médailles, entouré par des têtes de chevreuil naturalisées.
* J'ai un doute, il a probablement dit "un morceau de charogne", mais le
concept ne change pas.
Pour plus d'informations et quelques images je renvoie à l'article de Elisa
Sola publié hier dans le Corriere Della Sera
online
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire