lundi 15 février 2016

"Et je me penchai sur lui". Sur qui tire Hemingway?





Koudou exemplaire (d'après Wikipédia)
 
"C'était  un énorme, magnifique koudou mâle, mort sur le flanc, ses cornes de grandes spirales sombres, largement écartées et incroyables tandis qu'il gisait mort à cinq mètres de l'endroit où nous étions quand j'avais tiré un instant plus tôt. Je le regardai, grand, avec des longues jambes d'un gris uni avec les raies blanches et les grandes cornes, recourbées, fières, brunes comme la chair d'une noix aux pointe d'ivoire, les grosses oreilles et sa grande belle encolure, à l'épaisse crinière, le chevron blanc entre ses yeux et le blanc museau, et je me penchai sur lui et le touchai pour essayer d'y croire. Il était couché sur le côté par où était entrée la balle et il n'y avait pas une marque sur lui et son odeur était douce et agréable comme l'haleine des bestiaux et l'odeur de thym après la pluie". (Ernest Hemingway, Les vertes collines d'Afrique, Paris, Gallimard, 1978, p. 191).



Le koudou d'Hemingway n'a pas de pattes, il a de "longues jambes". Dans les récits de chasse l'anthropomorphisation de la proie est parfois tellement poussée que l'on pourrait se demander si l'animal traqué et mis à mort ne remplace pas, sur le plan fantasmatique, un être humain.



N'y aurait-il pas des rêveries de ce genre dans l'action du taxidermiste? *



* Oui, c'est vrai, il y a chasseur et chasseur, taxidermiste et taxidermiste.




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