Trente, Castello del Buonconsiglio : Labourage (Auteur anonyme, débuts du XVe siècle)
Ce n'est pas pour critiquer, ce serait tomber dans l'anachronisme. Je dirai seulement que cette phrase d'Aristote, commentée par André-Georges Haudricourt dans un article célèbre, a le pouvoir de me faire réfléchir sur le caractère contingent des certitudes humaines, même celles affichées par les philosophes :
" Il n'y a
point d'amitié possible envers les choses inanimées pas plus qu'il n'y a de
justice envers elles, pas plus qu'il n'y en a de l'homme au cheval et au bœuf, ou même du maître à l'esclave en tant qu'esclave"*.
*Morale à Nicomaque, VIII, II, cité par
André-Georges Haudricourt, "Domestication des animaux, culture des plantes
et traitement d'autrui", L'Homme,
1962, vol 2, pp. 40-50
Sans vouloir défendre l'indéfendable (et par ailleurs, j'ai une aversion profonde pour Aristote), il me semble que le propos peut être entendu dans une optique différente de la définition de frontières ontologiques et/ou juridiques. L'inégalité qui va avec la différence peut être une inégalité en dignité, en capacités mais également encore en pouvoir. Quelle genre d'amitié est-ce là, que celle qui lie un maître à son esclave, celle qui lie le dominant avec le dominé ? D'ailleurs, vous écrivez "l'esclave en tant qu'esclave" et non en tant que l'homme libre qu'il aurait pu être. Ce n'est pas le cas du boeuf qui n'est pas potentiellement un homme libre avec qui on peut avoir un rapport d'égalité. J'ai entendu quelque part que les antispécistes refusaient d'avoir des animaux de compagnie à cause de cette relation de domination que l'homme a forcément sur l'animal. Mais quel autre rapport inventer avec la vache ou le cheval, qui ne soit ni une relation de domination, ni une indifférence craintive ?
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec vous. Nous mettons en avant le caractère paritaire et symétrique de l'amitié homme/animal pour mieux profiter, en cachette, d'un rapport de domination.
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