lundi 13 mars 2017

Nier l'évidence


L'abolition des frontières ( Matthew Barney,  Cremaster 4: The Loughton Candidate)

L'adjectif "négationniste", au départ,  désignait des individus particulièrement abjects niant la réalité de l'holocauste et autres génocides. Dans l'usage courant ce terme tend à prendre des connotations plus génériques pour indiquer l'attitude de celui qui nie, en dépit de toute évidence, la réalité de certains faits ("La  négation - lit-on dans le Petit Robert -  est un acte de l'esprit qui consiste à nier, à rejeter un rapport une proposition, une existence  : Négation de Dieu. Négation de la vérité, des valeurs" ... ).


Pour certains, dans ce sens,  est "négationniste" celui qui nie la  proximité des humains et des non humains. Pour d'autres est "négationniste" celui qui nie la distance qui les sépare.

Je saisis l'occasion pour annoncer notre séminaire qui aura lieu aujourd'hui même : 

Séminaire EHESS-IIAC-Centre Edgar Morin
Appropriation de la nature, entre remords et mauvaise foi : la prédation comme spectacle

Le 13 mars, de 15h à 17h en salle 10
EHESS, 105 bd Raspail, 75006 Paris

Anne-Marie Brisebarre
Laboratoire d’anthropologie sociale

Voir et montrer la mort animale.
Régimes de visibilité et d’invisibilisation du sacrifice sanglant 2.

Reprenant le titre de la séance de séminaire d’Olivier Givre du 9 janvier 2017, je poursuivrai la réflexion et le comparatisme sur le statut du sacrifice musulman en milieu urbain (visibilité / invisibilisation), à partir de mes observations et des entretiens avec les acteurs en France, au Maghreb et en Afrique de l’Ouest (1986-2016).

Ayant été auditionnée en juin 2016 par la commission parlementaire sur « les conditions d’abattage des animaux dans les abattoirs français », je m’interrogerai aussi sur l’utilisation militante de la vidéo clandestine et du web pour dénoncer ces pratiques, qu’il s’agisse d’abattage rituel ou conventionnel. Peut-on – doit-on – montrer la mort animale ? à qui (ministères concernés, professionnels de l’abattage, consommateurs…) ? dans quels buts (amélioration des pratiques, fermeture d’abattoirs, arrêt de la consommation carnée…) et avec quelles retombées ?

Références
A.-M.Brisebarre (dir.), 1998 – La fête du mouton. Un sacrifice musulman dans l'espace urbain, Paris, CNRS éditions, col. "Méditerranée".
A.-M.Brisebarre (éd.), 1999 – Mort et mise à mort des animaux, Études Rurales, 147-148, janv.-déc. 1998 (N° spécial).
P.Bonte, A.-M.Brisebarre et A.Gokalp (dir.), 1999 – Sacrifices en islam. Espaces et temps d'un rituel, Paris, CNRS éditions, col. "Anthropologie".
A.-M.Brisebarre, 2003 – "Le mouton du sacrifice de l'Ayd al-kabîr dans les articles et les caricatures de presse", pp. 309-324 in P.Bacot, E.Baratay, D.Barbet, O.Faure et J.L.Mayaud (dir.), L’Animal en politique, Paris, L'Harmattan.
A.-M.Brisebarre et L.Kuczynski (dir.), 2009 – La Tabaski au Sénégal. Une fête musulmane en milieu urbain, Paris, Karthala, col. "Hommes et sociétés".
A.-M.Brisebarre, 2010 – "De nouvelles façons de fêter l’Aïd al-kabîr/Tabaski ?", The Maghreb Review, London, Vol. 35, 1-2 : 164-178 (N° spécial : La Mauritanie contemporaine: enjeux de mémoire et nouvelles identités).


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