Je profite de cet
espace pour annoncer le début de mon séminaire de cette année. Voici la
problématique générale et la présentation de la première séance.
L’appropriation de la nature entre remords et mauvaise
foi : la prédation comme spectacle (2e année)
Soucieuse de ne pas
sur-interpréter et de ne pas projeter sur autrui les valeurs de l'Occident,
l'anthropologie contemporaine cherche à connaître les manières
singulières, propres aux
différentes cultures, de penser les relations entre les humains et les
non-humains. Dans ce but, elle s'intéresse aux représentations collectives, aux
mythes, aux commentaires officiels
définissant les conditions idéales d'échange avec les autres espèces. Là où un observateur candide et
ethnocentriste verrait un fait « universel », l'observateur éclairé saisit des significations
plus profondes : le combat de coqs à Bali, par exemple, au-delà de ses
implications sanglantes, devient
une « forme artistique » et « la
réflexion d'une société sur elle même ».
La chasse au sanglier dans les Cévennes, en dépit de son issue fatale
pour le partenaire animal, devient « un jeu avec l'animal ». La chasse au
pécari dans la forêt amazonienne est moins une traque qu'une drague (c'est la
proie elle même, séduite par les charmes du chasseur, qui s'offre à lui). Ces lectures respectueuses de la doxa
indigène nous rappellent la pluralité des conceptions du monde. Elle risquent
néanmoins de laisser dans l'ombre les motivations « officieuses »,
inavouables ou tout simplement « inaudibles » de l'activité prédatrice et des autres formes de «
prélèvement » de la vie animale.
Le séminaire porte
sur ces motivations officieuses. Nous nous pencherons sur le discours
orthodoxe, conventionnel,
entourant la « bonne mort » des animaux. Mais nous nous interrogerons
aussi sur les gratifications
éventuelles associées à l'expérience plus ou moins directe, plus ou moins ritualisée, de leur
poursuite et de leur abattage. L'accent sera mis sur le potentiel métaphorique
de la prédation interspécifique, une dynamique « naturelle » permettant de représenter, justifier et
parfois même savourer, en jouant sur l'analogie, le spectacle de la prédation
au sein de notre espèce.
Lundi 13 novembre
2017 de 15h à 17h, salle 10, 105
bd Raspail, 75006 Paris
Sergio Dalla
Bernardina
Montrer, se montrer (1).
Lorsque dans
l'espace médiatique on met en scène des atrocités - cela semble aller de soi
- c'est pour alerter l'opinion
publique. Inutile de chercher plus loin.
Faut-il donc exclure du champ analytique les sollicitations "extra-humanitaires", narcissiques qui peuvent se dissimuler
dans l'acte de montrer? Faut-il
renoncer à la quête des motivations
sociales qui échappent à la conscience des acteurs? La question se pose pour la
souffrance humaine ainsi que pour la souffrance animale. On peut appréhender la
dénonciation de la souffrance animale en se limitant à son message moral. On
peut lire ces "mises en spectacle" comme des cérémonies collectives
dont il s'agit de saisir, à côté
du sens manifeste, d'autres fonctions psychologiques et sociales.
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