mercredi 25 août 2021

L’inquiétante étrangeté 22. Bienvenue chez nous

 


Je compense mon deuil modéré pour le départ de la lavande (tant pis pour elle, au bout du compte, je lui avais dit de rester) en me réjouissant  des semi-vagabondes qui poussent sournoises dans les endroits les plus inattendus. Elles ont pris note de notre projet (le projet d’être là encore un peu), elles le partagent et contribuent à sa poursuite. Si je parle de semi-vagabondes, c’est qu’elles ne sont pas arrivées toutes seules.  L’églantine, par exemple. Je l’ai ramassée dans la montagne ici derrière, près d’une chapelle où on amène les enfants qui ne mangent pas le fromage. C’est la chapelle de Saint Georges,  un grand spécialiste en la matière.  Dès leur retour,  dans les cas les plus chanceux, les enfants récalcitrants se mettent à grignoter n’importe quel type de fromage. Dans les cas les plus difficiles, ils se limitent au parmesan, ce qui coûte très cher aux parents. L’églantine s’est facilement adaptée à l’ambiance du jardin, en ayant compris, peut-être, que je ne l’aurais pas utilisée pour confectionner  ces redoutables thés à l’églantine  dont raffolent certains groupes ethniques*. Non seulement elle a prospéré dans le pot, mais elle s’est multipliée hors du périmètre que je lui avais réservé.  Entre les dalles de la terrasse, par exemple. C’était pour s’enraciner chez nous ou pour regagner, petit à petit,  la chapelle ? J’ai récupéré une pousse et, juste pour voir, je l’ai plantée à côté de sa génitrice dans un joli vase bleu pétrole. Les deux se portent merveilleusement.

** Phrase typiquement raciste qui semble sortie d’un récit colonial.

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