lundi 21 novembre 2022

Chasse et corrida : un lyncheur peut en cacher un autre

 

Je reviens sur mon rapprochement  entre la corrida, le sacrifice et le lynchage. Ce thème m’intrigue tout particulièrement parce qu’il présente une grande proximité avec les phénomènes que j’ai analysés dans Faut qu’ça saigne. Écologie, religion sacrifice (éds. Dépaysage, 2020). Dans cette étude je me demandais : où est passée la violence qui, dans les sociétés traditionnelles, trouvait son exutoire dans des rituels collectifs tels que la chasse à courre et autres loisirs sanglants ? Les commentaires qui accompagnent la mort d’un chasseur parlent clair : les participants au lynchage médiatique se réunissent sur le réseau pour déverser l’agressivité ambiante sur le chasseur, cette  nouvelle incarnation du négatif, du mal absolu. On réactualise ainsi la scène sanglante (qui a toujours son charme ... on dénonce et on savoure à la fois), on conspue le chasseur, et à la fin du rituel on se sent plus propre. Voici un exemple d'anathème parmi tant d’autres :

« Que dire …. La justice divine a voulu te punir  … j’espère seulement que tu n’es pas mort sur le coup … mais seulement après une bonne dose d’agonie et de souffrance … au froid , seul, avec tes souvenirs du sang et de mort que tu as causés  …  (op. cit. p. 57).

 

Comme le montre ce dessin humoristique repéré sur internet, il en va de même pour les toréros.

( http://www.perrochaudsaffiche.fr/portfolio/2376/ )*

 

* Cela dit, j’aime les œuvres de ce portfolio, mais c’est un autre discours.

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