Pomme Hybride Golden X Cassou n°106
Je reviens sur les apiculteurs autrichiens accusés de racisme parce qu’ils craignent que les abeilles autochtones, au contact avec les étrangères, perdent leur identité.
L’auteur de Race et Histoire serait-il donc raciste ? Ce serait le comble. On pourrait aboutir à cette conclusion, cependant, en lisant de façon politiquement correcte le passage suivant :
« Il n’y a plus rien à faire : la civilisation n’est plus cette fleur fragile qu’on préservait, qu’on développait à grand peine dans quelques coins abrités d’un terroir riche en espèces rustiques, menaçantes sans doute par leur vivacité, mais qui permettaient aussi de varier et de revigorer le semis. L’humanité s’installe dans la monoculture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat ». C. Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, Plon, 1955, Coll. Terres humaines, p. 36-37).
En craignant la monoculture (un univers « amélioré » où toutes les abeilles seront grises) Lévi-Strauss n’était pas raciste. Il regrettait, simplement, l'effacement des
différences culturelles enracinées dans l'histoire et favorisées par la géographie. C’est un peu comme pour les abeilles
autrichiennes : on peut regretter leur
hybridation parce qu’on est raciste ; on peut la regretter parce qu’on est
pluraliste (parce qu'on aime la diversité et on cherche à la préserver).
Je me considère démocrate et progressiste*. Cela dit, je n’aurais pas envie que, au nom de l’abolition des préjugés, on me propose le même miel et les mêmes betteraves partout.
* C'est bien de le rappeler de temps en temps. Ce que je trouve merveilleux - et il faut militer pour défendre cette cause - c'est qu'on peut être démocrate et progressiste sans faire partie des « nouveaux-curés » (il n'y a pas d'équivalent au féminin - « nouvelle curée » voulant dire autre chose). Je parle de ces nouveaux gardiens de la morale prétendant s'exprimer au nom de la gauche et qui, en dépit de leur conformisme affligeant, se prennent souvent pour des grands révolutionnaires.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire