jeudi 28 mars 2024

Bestial (autour d'un terme désuet)


 


Mustélidé assagi dans un tableau de Léonard de Vinci (Milan, 1488)

 

Chez les démocrates progressistes  dont je prétends faire partie*, il y a des gens qui n'éprouvent que des  bons sentiments. Ce n’est pas mon cas. Je cherche à me retenir, et souvent j’y parviens  … mais, face à des événements qui me troublent, j’ai envie de prononcer des mots déplacés – ces mots réactionnaires lourds d’histoire, lovés dans notre inconscient, qui profitent de la moindre occasion pour jaillir de notre bouche comme des  diables à ressort. En voilà un :

 

"Bestial, bestiale, bestiaux :

adjectif  (latin ecclésiastique bestialis, de bestia, bête)

Qui ressemble à la bête par son physique, son comportement, ses penchants ; se dit de ce physique, de ce comportement : Un instinct bestial.

Synonymes : animal - brutal - grossier - sauvage

Contraires : cultivé - délicat - raffiné – sophistiqué". (Le Larousse)

 

Ce terme désuet - l'éthologie a prouvé  son inadéquation à la réalité animale -  me fait penser au comportement des mustélidés qui pénètrent dans un poulailler et,  enivrés par le goût du sang, font un carnage.

« Ce n’est pas le goût du sang, répliquent les spécialistes, et le carnage a ses raisons :  c'est une réaction naturelle ».

Je comprends. Mais tirer sur des gens qui dansent, quand même …**

 

* À une nuance près : je qualifie mon progressisme de "Progressisme critique"  par rapport au "Progressisme acritique" du politiquement correct.

**Et ce n'est pas la première fois.

3 commentaires:

  1. Je dois passer un examen lundi et parler du "tournant ontologique", prévenu très tar, je n'ai pas du tout eu le temps de préparer (mercredi dernier) et c'est un thème que je suis loin de maîtriser. J'ai voulu trouver quelques articles scientifiques de référence pour bricoler un argumentaire mais à dire vrai n'ai rien trouvé qui m'enthousiasme beaucoup, alors que je trouve ce sujet très intéressant (justement parce qu'il me pose une énigme). Finalement, je me suis dit, autant revenir aux "valeurs sûres" (cela n'engage que moi mais c'est ainsi que je le vois) et j'ai repris "La langue des bois". Juste pour témoigner de l'intérêt qu'à cet ouvrage en dépit du peu de visibilité qu'il semble avoir eu.

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  2. Merci pour cette référence à mon bouquin. Personnellement, je trouve le numéro 20 de la revue Tsantsa consacré au tournant ontologique tout à fait « didactique ». Pour rester dans le thème de ce billet, le « tournant ontologique » a mis en évidence l’existence, chez les Amérindiens, d’une autre manière de se figurer la relation entre les êtres, visibles et invisibles, qui peuplent notre planète. Certains animaux, selon les Amazoniens, se perçoivent comme des personnes et voient les humains comme des animaux. Chez nous, on pourrait qualifier de « perspectivisme pervers » le fait de traiter ses voisins comme des bêtes : en les égorgeant pendant qu’ils font la fête, ou en les laissant mourir de maladie ou de faim après les avoir concentrés dans un lieu dont ils ne peuvent pas s’échapper.

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  3. Un comportement "Bestial", ne serait-il pas "naturel"?... C'est ainsi que l'on qualifie l'acte de prédation des animaux.

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