On le sait, derrière notre naturalisme** de façade, nous gardons
un fond animiste. Avec les animistes nous partageons aussi un fort
penchant pour la « Comédie de l’innocence », un de mes thèmes
préférés. J'y pense à propos de ma promenade.
Je déambule en montagne. J’ai oublié mon bâton de marche à la maison et je décide de m’en procurer un sur place. Je cherche à réduire mon impact écologique. Mon regard tombe sur un noisetier. Il a plein de surgeons. Même trop, me dis-je Si j’en prélève un ça va favoriser la croissance des autres. Lequel vais-je sacrifier ? Après une inspection rapide j'aperçois un surgeon légèrement incliné montrant clairement qu'il m'attendait. Aucun doute, c’est lui mon bâton. Je lui dis : « Tu vas être mon alpenstock tout neuf. Et je vais te décorer avec mon Opinel. Tu sera beau comme un guerrier maori ». En reprenant la marche, pour conforter mon nouveau compagnon, je lui tiens le propos que j’adresse aux non-humains (champignons, cailloux, morceaux de bois bizarres ...) que je ramasse dans les espaces verts : « Sois heureux, tu as été choisi par un humain : grâce à cette rencontre statistiquement improbable tu sors de la nature pour entrer dans l’histoire ».
*Définition que je propose comme une évidence (nous sommes des animistes qui s'ignorent) et peut-être aussi comme un projet existentiel (réhabilitons l'animiste qui est en nous) après avoir promu le « Progressisme critique » en opposition au progressisme acritique qui menace, aujourd’hui, notre liberté de pensée.
** Le naturalisme, pour paraphraser Philippe Descola, est la vision du monde occidentale selon laquelle une frontière indépassable sépare les humains des non-humains.
Poursuivi par les animistes , les écolos vous soulagez votre conscience , n’était ce pas tout simplement pour protéger votre dos ?
RépondreSupprimerJe n’avais pas pensé à l’assonance animisme/animalisme. C’est amusant : l’Inquisition poursuivait les animistes. Le mangeur de viande est poursuivi par les animalistes.
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