(Suite) Un masque, la Gnaga, donne son nom au cortège
carnavalesque de Fornesighe. C’est un masque insolite, qui condense en une
seule pièce deux personnages : une vieille dame aux gros sabots qui porte
sur son dos, dans une hotte, un jeune homme en pleine forme qui ne
semble pas gêné du tout. Ça symbolise, parait-il, la vieille année qui s’en
va pour céder sa place à la nouvelle. Mais c’est aussi une représentation du
monde à l’envers typique du carnaval* : le jeune homme, en fait, profite sans raison
des attentions normalement réservées aux vieillards. Avant d’aller à Fornesighe
je me suis renseigné sur l’origine du masque. Si le cortège, comme on le
présente officiellement, est « archaïque », le masque ne l’est que très faiblement,
ce qui n’enlève rien à sa prégnance, à son « mana », diraient les Mélanésiens. Il date de
1897 et on connait même les généralités de son inventeur, ce qui n'est pas très fréquent en matière de traditions ancestrales*.
Son nom aussi pose quelque problème, dans le
sens qu’à Venise, avec le même appellatif, on désignait un masque tout à fait
différent, représentant le museau d’une chatte. Ce déguisement était porté par
les hommes qui, en l’endossant, étaient censés adopter un ton de voix plus aigu et des
comportements féminins (l’inversion des identités, encore une fois). Bref, la Gnaga des Dolomites a des origines
assez confuses, donc bien accordées à l’esprit du carnaval. (À suivre)
Il s'appellait Valentino Toldo, dit Nin di Rosa, et c'est en Suisse, peut-être qu'il a trouvé sa source d'inspiration.
** Cela appartient clairement à la famille des adynata, pour employer le langage de Giuseppe Cocchiara.
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