mercredi 12 février 2025

Entre tradition et postmodernité. (5 Figures de la transgression carnavalesque


 


(Suite) J’assiste au défilé en songeant au rôle de défouloir rempli par le Carnaval et je m’interroge sur la manière locale d’imaginer la transgression.   Si l’Homme Sauvage est transgressif, c’est qu’il n’est pas domestique, cela va de soi. Pour d’autres personnages le côté « monde à l’envers » est moins facile à déceler. Il me faudrait l’appui d’un exégète du coin, mais je suis là en touriste et tout va très vite. Le fossoyeur est transgressif parce qu’il tourne en caricature ce qui, hors du cadre carnavalesque, ne fait pas rire du tout. La policière l’est aussi parce que, en principe, on ne rigole pas avec les lois de l’État*. Je remarque un jeune homme aux cheveux longs à l’allure christique qui danse avec une vieille (quelqu’un qui porte le masque d’une vieille, pour être précis). On pourrait y voir – mais ce n’est que dans ma tête, je le crains - l’allégorie d’une transgression fort redoutée par les communautés montagnardes : le mariage entre partenaires n’appartenant pas à la même classe d’âge. Quant à la nourrice, je crois avoir vu quelqu’un lui toucher les seins (artificiels, a priori), mais c’est peut-être un geste propitiatoire, comme toucher la bosse  du bossu, dont on a annoncé la présence dans le défilé mais que je n’ai pas croisé. Là où le manquement aux normes est flagrant, c’est chez un personnage que je vois pour la première fois, habillé en copeaux de bois, qui fourre son doigt dans le nez et puis le frotte, nonchalant, sur le dos des passants. Rien de particulièrement séditieux, au bout du compte. Nous quittons le cortège pour nous aventurer dans la partie moins tolkiénienne du bourg, avec des maisons plus récentes en style montagnard (À suivre).

* Ce qui prouve, de la part de l’État, un faible sens de la réciprocité.

 




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