samedi 8 février 2025

Entre tradition et postmodernité. 3) Un masque bicéphale pour une communauté bicéphale

 


Figures du Carnaval à Fornesighe (Dolomites)

(Suite) En arrivant dans la partie ancienne de Fornesighe on monte des marches asymétriques entourées par des constructions en bois encastrées l’une dans l’autre comme des Lego. Un plant de vigne d'un âge vénérable relie les balcons, métaphore vivante de l’enracinement territorial et du lien communautaire.  Les anciens ateliers sont ouverts au public :  « Entrez …  cette grange appartenait à sept propriétaires différents, chacun avec son espace à lui ». C’est banal, je sais, mais je songe aux Hobbits*.  À la fin de la visite nous commandons une bière à une jeune dame déguisée (en quelque chose que j'ai eu du mal à identifier)  et, comme c’est mon habitude, je pose une question de candide pour lancer le dialogue : « Mais qu’est-ce qu’on faisait ici, autrefois, pour vivre ? Les bucherons, les bergers … ? ». Elle me regarde d’un air indulgent comme pour dire « Bonté divine, il faut vraiment tout leur expliquer … ». « Oui, ils travaillaient le bois, ils avaient quelques bêtes, ils vendaient des marrons et des poires cuites, ils faisaient des clous et après … ils sont partis à l’étranger pour faire des glaces». « Des clous ? » « Oui, des clous ». Fin de la conversation.

Il me reste à découvrir les autres figures carnavalesques de cette société à deux têtes, comme la Gnaga,  où l’archaïsme résiduel (en restait-il quelques traces en dehors des bâtiments ?) et l'avant-gardisme des nouvelles générations (une jeunesse qui a grandi dans les métropoles européennes), sont censés cohabiter (À suivre).

** Sans ressentir la moindre affinité, pour autant, avec le gouvernement italien qui, en quête de repères culturels, est en train de squatter Tolkien.

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