dimanche 26 février 2017

Des palmiers à Milan : nouveaux horizons de la xénophobie


Derrière les palmiers, la mosquée 

Les palmiers, à Milan, existent depuis quelques siècles.  L'architecte Marco Bay a eu la mauvaise idée de s'en servir pour décorer la piazza del  Duomo (la place du Dôme). C'était sans compter avec les représentants de la Ligue du Nord et quelques autres défenseurs de l'identité locale. Pendant la nuit un patriote anonyme a carbonisé un palmier (d'autres exemplaires, livrés également aux flammes, ont survécu). Il faut savoir qu'une bonne partie des plantes de la ville  est exogène. Depuis toujours l'électorat de la Ligue du nord (célèbre moins pour son sentiment de la nature que pour son génie bétonneur) agrémente ses jardins avec une série de plantes écologiquement inappropriées.  C'est le cas du cèdre du Liban (sorte de Golem qui en grandissant soulève la maisonnette en style néo-rustique de son propriétaire, étouffe ses nains de jardin,  dessèche l'herbe de la pampa, le buddleja et les autres merveilles exotiques qu'il achète au Smart garden ou au Garden shop). Bien qu'exogènes, ces espèces  ne remettent pas en cause l'identité lombarde. Alors, pourquoi ne pas accepter les palmiers?  Dans son tweet intitulé "Mon Afrique"*, Roberto Maroni président de la région de Lombardie, nous donne quelques éclaircissements :

"Eh sì, adesso mancano solo le scimmie". "Eh oui, maintenant il ne manque les singes". 


*C'est une référence à un  célèbre roman de Karen Blixen qui n'a rien à voir avec le  message de Monsieur Maroni (le sait-il?) mais dont l'évocation fait "branché".

3 commentaires:

  1. L'agresseur a été téméraire, le palmier étant un adversaire redoutable. Il devrait pourtant se méfier. Les plantes communiquent, même si c'est en silence.
    Entre toutes les aberrations exogènes de mon précieux jardin, rayonne, bien sûr, un palmier, chanvre. (Je l'appelle "mon lion". De son côté, je ne sais pas s'il a le réflexe "petit nom", peut-être suis-je son haricot beurre ?)
    C'est un arbre à oiseaux. Grâce à lui, en mâchant mes tartines, j'ai pu en admirer que je vois peu, comme les pics verts et les geais des chênes (que font-ils dans un palmier, d'ailleurs, ils se croient au club med ou bien ?).
    J'ai le secret espoir de voir un jour s'y poser le roitelet de ma légende personnelle, lors d'une étape entre deux missions mythologiques. Mais pourra-il passer par Milan, si on y brûle l'hospitalité des palmiers ?
    Pour ne pas résister à la tentation de polémiquer avec vous, je dirai que je trouve très dommage de stigmatiser une certaine indigence esthétique ou culturelle pour résumer les gens les plus mal intentionnés. On revient toujours à la même Histoire, et ça devient un lieu commun, mais on sait que des prisonniers des camps nazis ont survécu parce qu'il avaient le don d'émouvoir les esprits raffinés de leurs geôliers en interprétant les compositeurs (allemands) les plus poignants dans des ensembles musicaux.
    Beaucoup d'opposants très braves auraient peut-être eu des nains de jardin, et pas pour "faire kitsch",parce qu'ils émanaient souvent du peuple. Quant à l'intelligentsia française, elle s'est plutôt bien accommodée à la sauce nazie.

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  2. Je comprends votre remarque. Je suis toujours mal à l'aise lorsque je cherche à confondre ceux qui vont dicter d'ici peu notre politique culturelle en les renvoyant à leurs nains de jardin (j'ai honte de recourir à ce vieux cliché et je sais bien que l'on peut être entouré par des nains de jardin de toutes les tailles tout en ayant un esprit noble, du courage et aussi de la finesse). Quant au peuple, à l'esthétisme et aux camps nazis, Nicolas Weill, dans le monde des livres de vendredi (p.7), nous rappelle que la "révolution culturelle" national-socialiste était profondément anti-intellectualiste. J'espère que les néo-druides, s'il devaient repérer votre palmier, l'épargneront.

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  3. La Ligue du Nord a -t-elle perdu ses racines chretiennes ? Car je viens de relire " le lendemain, ayant entendu dire que Jésus se dirigeait vers Jérusalem, les gens venus en foule ont cueilli des rameaux de palmier et sont sortis à sa rencontre..." (Jean 12:13, la Bible, nouvelle traduction). Certes Jésus n'était pas Lombard !
    Et des palmiers il en poussent aussi en Charente !!!
    Il semblerait qu'il y a eu également de "braves gens.... issus du peuple" qui ont su s'accommoder de l'occupation !


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