jeudi 4 juin 2020

« Faut qu’ça saigne ». Autour d’une publication imminente (2)*





Frère Ciccillo cherche à parler avec les faucons (image extraite  de : Des oiseaux petits et gros de Pier Paolo Pasolini, 1966).


(Suite du billet précédent). La question qui alimente  ce petit ouvrage est celle-là même qui inspire ce blog  : et si, derrière le discours officiel que nous tenons sur les animaux, il y  avait des motivations plus obscures ? Oui, parce que c’est facile de dire « J’aime les animaux ». C’est tellement facile qu’il est rare, aujourd’hui, de rencontrer quelqu’un qui ne les aime pas.   Mais le mot « aimer » est trop générique pour signifier vraiment quelque chose. On peut aimer les animaux à la manière de Saint François, parce qu’ils font partie de la création. Mais on peut aussi les aimer  de façon narcissique, parce qu’ils nous permettent d’exhiber notre « franciscanisme » (« J’adore montrer que j’aime les animaux et que je ne fais pas de différences entre les humains et les non-humains… »). On peut les aimer  parce qu’ils sont des subalternes et cela nous réconforte de dominer quelqu’un. On peut les aimer parce qu’ils font peur à notre voisin, qui le mérite, ou  parce qu’ils acceptent patiemment d’être bichonnés,  pomponnés, même stérilisés, lorsque c’est nécessaire, c'est à dire castrés. On peut les aimer parce qu'on aime les scènes tragiques que leur souffrance et leur mort nous permettent de représenter. (À suivre).

* À propos de Faut qu'ça saigne. Écologie, religion, sacrifice, Éditions Dépaysage, fin juin 2020

1 commentaire:

  1. On peut aussi en aimer certains pour mieux détester les autres.
    J’entends ces derniers temps, de façon récurrente, un retour à la diabolisation des chats au nom des oiseaux. Pour l’instant, j’observe que le discours est tenu par des hommes à partir de la quarantaine, d’un féminisme affiché.
    Ou par des chasseurs..
    Chez les uns je me permets d’apercevoir un retour du refoulé, pour les autres : sans commentaire.
    Je suis impatiente, moi aussi, de lire votre petit livre rouge.

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