La bibliothèque municipale de ma ville natale
Les histoires de « récompenses »
et de « créatures d’exception » évoquées dans les billets précédents
ont réveillé chez moi un ancien souvenir.
Il remonte à l’époque où je préparais ma maîtrise, en Italie. Pendant l’été, l’université étant
fermée, je passais mes matinées à la bibliothèque municipale pour lire la
presse locale du XIXème siècle (du point de vue ethnologique, c’est tout aussi enrichissant que
faire du terrain). Parmi les aficionados il y avait un drôle de retraité, je ne sais plus s’il était géomètre ou comptable. Il parcourait les
journaux avec fébrilité. Il ne
parlait pas, mais ses soupirs saccadés, sortes de râlements, attiraient l’attention. Sans lever le regard, il surveillait tout le monde. Dès qu’un
lecteur s’adressait à son voisin pour
demander des informations, il fonçait sur lui comme un chien de garde en criant
(j’exagère à peine) : Ma dove crede
di essere ? Questa è una biblioteca pubblica. Esca subito di qui !
(« Mais où vous croyez-vous ?
Ici on est dans une bibliothèque publique. Sortez immédiatement !). J’avais
lu, à l’époque, qu’un chercheur américain - un psychologue je crois -
prétendait avoir repéré chez les
propriétaires des grands chiens de défense la tendance à s’immiscer dans la vie d’autrui (oui, parce que le
penchant à « fliquer » son prochain, selon lui, répondait à une
configuration psychologique)*. (À suivre).
* Cela pourrait ouvrir sur un débat intéressant sur les vocations.
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